Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !
10 Décembre 2009
Ahmat Zéïdane Bichara/ Toulouse et Moussa Torna/ Rennes - ouest de la France
S’il suffisait de croire à certaines prêches des prédicateurs musulmans ou chrétiens du pays, on peut facilement admettre avec eux que le Tchad serait maudit à cause d’innombrables actes inhumains et barbares perpétués par ses dirigeants depuis les premières belles semaines de l’indépendance, c’est-à-dire dès l’accession au pouvoir du sudiste François Tombal baye jusqu’au dernier régime actuel du nordiste Idriss Deby que les N’Djaménois nomment tout bas par peur des représailles le régime des « Zoulous ». La terre tchadienne a toujours été arrosée du sang de tous âges et bords confondus.
Ce sont des personnalités engagées politiquement, des défenseurs des droits humains, des intellectuels, des paysans, des étudiants, des commerçants, des artistes, des hommes ou des femmes qui ont été massacrés par tous ces présidents dictateurs. Ce sont des milliers des Tchadiens qui ont subi le châtiment suprême pour la simple et mauvaise raison d’avoir eu tort de se retrouver dans le camp opposé en termes d’orientation politique et mode de pensée. La seule priorité pour ces dirigeants tchadiens, c’est de réussir par tous les moyens à pérenniser leur pouvoir qu’ils exercent sans partage. Toute velléité de changement ou de contestation est systématiquement réprimé pour taire les voix discordantes, affirmer davantage son autoritarisme prenant du même coup tout un peuple en otage dans l’indifférence presque complice de la communauté internationale qui ne trouve rien à dire.
Pourtant même les profanes en politique savent qu’en général, les partisans du président et leurs adversaires ne partagent pas toujours les mêmes opinions même s’ils appartiennent au même groupe ethnique. Et puisque personne n’a demandé de naître Gorane, Sara, Arabe, Hadjaraye ou autre, le choix et le combat politique de chacun relèvent des convictions personnelles et intimes. On n’a pas besoin de faire des grandes études pour comprendre cette réalité très simple, reconnue d’ailleurs par la constitution tchadienne qui stipule clairement à l’article 27 « Les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de conscience, de religion, de presse, d’association, de réunion, de circulation, de manifestations et de cortèges sont garantis à tous. Elles ne peuvent être limitées que par le respect des libertés et des droits d’autrui et par l’impératif de sauvegarder l’ordre public et les bonnes mœurs. La loi détermine les conditions de l’exercice. C’est très élémentaire.
Malheureusement comme l’Afrique et, particulièrement le Tchad est truffé de tête bien pleines que bien pensantes, même les plus simples des choses paraissent toujours compliquées pour eux. Ils sont quasiment à la recherche des poux sur les têtes des chauves dépourvus de cheveux. C’est ainsi que des innocents peuvent crier fort leur innocence jusqu’aux sommets des grandes et hautes montagnes, mais au final, ils sont toujours massacrés comme des criquets pèlerins ou des chenilles. Tombalbaye, Habré et Deby n’avaient jamais hésité à éliminer d’une façon ou l’autre des compatriotes hostiles à leur régime. Tous ont eu ou continuent d’en avoir les mains sales jusqu’aux coudes pour se maintenir au pouvoir au point d’en ignorer le véritable dépositaire ? C’est à se demander s’ils ne se considèrent pas comme les seuls maîtres de ce pays ? Mais savent-ils encore à qui appartient la décision ultime pour toute créature humaine ?
Entre leur destin respectif et leur pouvoir, qui est le plus fort ? Qui a surtout engendré qui ? Ce sont certes des questions simples et à la limite anodines, mais nous les posons quand même pour aider ceux qui ne veulent pas comprendre ou ceux qui comprennent les choses de travers ou avec une année lumière de retard d’entrer en réflexion intérieure. Parmi les actes odieux d’une rare barbarie dont sont coupables les institutions ou les personnes en lien avec l’actuel régime et les précédents, ce sont les actes de viols collectifs à caractère punitif des femmes et fillettes dont les âges varient entre 9 et 13 ans. C’est un crime contre l’humanité et contre la volonté divine. Beaucoup de ces filles porteront à vie leurs stigmates si jamais elles ont eu la chance d’échapper à la mort.
On n’a parfois du mal à croire l’existence de telles horreurs lorsque nous ne sommes pas témoin oculaire de l’accomplissement de ces sales besognes par des personnes sadiques qui obéissent mécaniquement à leur hiérarchie. Jusqu’à quand subira-t-on les exactions gratuites et humiliantes par des hommes sans foi ni loi qui se croient les seuls dinosaures du Tchad simplement parce qu’ils ont des armes ? Pourquoi les mères tchadiennes ont-elles engendré jusque là des présidents controversés, cupides et népotistes? A quand les bonnes semences humaines qui viendraient transformer progressivement et profondément la société Tchadienne ? N’avons-nous pas des raisons de poser des telles interrogations lorsqu’on voit autour de nous l’incroyable progrès sur le plan des valeurs humaines ? Aujourd’hui, le Tchad est en perte de vitesse dans tous les domaines et brille seulement par ses conflits fratricides, des violations permanentes des droits de ses citoyens alors ce serait une grave erreur de ne pas en parler, de faire comme si tout va bien.
Au contraire la situation doit inciter les tchadiens à plus de vigilance et de prise de conscience collective. Face à l’incendie qui brûle tous vos biens, auriez-vous encore le choix de rester passif, les bras ballants ou croisés? Il n’est pas grotesque de réaliser que le Tchad est en train de disparaître lentement. Il est encore tant quelque soit notre rang social d’agir vite et de façon efficace. On n’a plus le droit de regarder les choses se déroulées à la manière d’un film sans réagir. Il n’ya plus des valeurs humaines à enseigner à nos futurs enfants, ni une bonne formation scolaire actuellement. Pour caricaturer un peu la situation actuelle. Le Tchad ressemble à un grand océan dans lequel les gros poissons avalent tous les petits et faibles. De quoi sera fait donc le Tchad de demain ? A chacun de réfléchir et de répondre intérieurement à cette question.