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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Au royaume de la bonne gouvernance et de la naissance des clans.

 

Autrefois, le Roi des Humains commandait également à l'ensemble du règne animal. Tout allait pour le mieux, hommes et bêtes entretenaient les meilleurs rapports du monde, car tous étaient végétariens: inutile donc de s'en prendre aux autres espèces pour se nourrir. Les traversées de territoires et les divers déplacements de population s'effectuaient sans heurt, car le Roi était impartial et juste. Le monde ignorait le racisme, le clanisme, et le Roi n'aurait jamais eu l'idée de privilégier ses semblables au détriment des bêtes. Tout être vivant ayant du prix à ses yeux, celui qui commettait volontairement une faute grave était condamné par une loi, qui était la même pour tous, à des travaux d'intérêt public. Le Roi n'était pas corruptible: il était le seul à gouverner et tout lui appartenait. Mais il se montrait si attentif à ses sujets que chacun avait de quoi vivre par son travail. Le monarque veillait  comme une sentinelle et la bonne gouvernance régnait. Les morts étaient toujours enterrés en présence du roi et de deux représentants des animaux, l'éléphant et le lion. Les décisions étaient prises au cours d'assemblées générales réunissant les sages des deux règnes, humain et animal. La population était ensuite informée des résultats de leurs délibérations au cours de réunions hebdomadaires. Cela dura des siècles, jusqu'au jour où le fils d'un homme tomba sur le cadavre d'un gigantesque buffle -le représentant le plus laborieux, le plus brave, le plus intelligent et surtout le plus sacré du règne animal, qui imposait le respect aux chefs  eux-mêmes. L'homme s'approcha de la carcasse et l'examina. Il s'en écarta un peu pour réfléchir, puis, poussé par une pulsion irrésistible, revint vers le buffle et se mit à le dépecer. Après des heures d'hésitation, il rentra chez lui chargé de provisions, jusque là inconnues même des sages et des anciens.  Les animaux ne furent pas longs à réagir, et traitèrent le fils de l'homme de cannibale.  S'ensuivit une révolte générale, sonnant le glas de la vieille cœxistence malgré les tentatives de conciliation du Roi  -qui restèrent lettres mortes. Les premiers animaux sauvages à se couper du groupe des humains furent les hyènes et les loups, et leur départ fut tragique, car ils ne quittèrent villages et quartiers qu'après avoir sauvagement attaqué les enfants des chefs. L’hyène avait d'ailleurs toujours fait preuve d'un caractère impulsif. Du fait de son avidité extrême,  elle créait des problèmes partout où elle passait. Elle était par contre très dévouée, bonne animatrice de quartier et siégeait en bonne place dans la cour du chef. Son assurance naturelle, si elle lui valait parfois des sanctions, faisait également d'elle un très bon crieur public. Quant au loup, il était depuis toujours l'éternel révolté, l'éternel insatisfait. S'il jouait chez les animaux le rôle d'économe et de gestionnaire, il n'en restait pas moins le plus sournois et le plus agressif. Craintif devant l'autorité, le loup faisait preuve de soumission devant les hommes tout en présentant une particularité : n'ayant jamais vraiment accepté la cohabitation avec le genre humain,  il restait sur ses gardes et ne dormait jamais la nuit. Le décès du benjamin du chef souleva  l'indignation de tous les hommes, qui organisèrent une gigantesque manifestation bloquant pendant douze jours et douze nuits les artères de toutes les grandes villes. Un petit groupe de manifestants, hélas très minoritaire, demandait que les deux règnes fassent la paix et passent l'éponge sur les récents événements, tout en exigeant que les responsables soient tout de même sanctionnés et privés pendant deux semaines de sorties nocturnes et de matchs de football.   Mais l'éléphant et le lion - représentants des animaux auprès de la chefferie- prirent hélas le parti du loup et de la hyène. Pour aggraver les choses, des éléphants dévastèrent sciemment des milliers d'hectares de cultures appartenant aux proches du chef, avant de quitter pour toujours le pays des hommes. Ce forfait acheva de consommer le divorce entre les deux règnes. L'heure de la guerre civile avait sonné et ce fut l'escalade: les propriétaires des cultures détruites massacrèrent les éléphants fautifs, près d'une forêt dense où s'étaient regroupés les premiers animaux dissidents. A la suite de cette tuerie, les hommes rentrèrent au village chargés de viande d'éléphant en grande quantité. Pour la première fois de leur vie, et après une première réaction de dégoût, leur chef goûta à la chair de ceux qu'il avait été jusque chargé de gouverner et de protéger. Apprenant la mort de leurs délégués, tous les animaux sans exception furent saisis de rage et de désespoir -y compris le chacal et la biche, qui hésitaient jusque là à regagner une brousse qu'ils savaient désormais dangereuse pour eux. Seuls restèrent parmi les hommes les animaux aujourd'hui dits " domestiques " : la plupart, à la suite de divers délits, se trouvaient dans des prisons de haute sécurité au moment de la déchirure entre le genre humain et le règne animal. Faute d'être informés des événements extérieurs, ils ne purent y prendre part. Ces animaux prisonniers remarquèrent pourtant assez vite un changement notable dans leur nourriture : à la place des traditionnels légumes, on leur servait désormais la chair de leurs semblables. Lorsque les derniers détenus furent enfin libérés, il était bien trop tard pour eux. Ils ne purent jamais regagner la brousse, et les hommes se mirent peu à peu à les voir comme des créatures susceptibles d'être dressées, et surtout de travailler pour eux.Si ces animaux domestiques, dont certains, comme le chien, étaient désormais carnivores, se montraient dociles, aucun n'avait oublié le crime commis par le fils de l'homme.  L'homme depuis ce temps-là ne sait jamais très bien comment se comporter vis-à-vis  de  ses anciens frères: Tantôt l'animal lui fait peur, tantôt il a confiance en lui et agit en vrai compagnon. Mais le changement de nourriture a été irréversible: le fils de l'homme trouve toujours succulente la viande des animaux, et l'a définitivement intégrée à son menu quotidien. 

 

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