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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

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Burundi:Les sidéens meurent, otages du conflit entre les associations

 

(Syfia Grands Lacs/Burundi) N'ayant plus assez à manger, les sidéens démunis du nord du Burundi arrêtent leur traitement antirétroviral. Beaucoup meurent, d'autres souffrent de tuberculose, de diarrhée… Epuisés, ils ne peuvent plus travailler. Mais leur vie importe moins aux deux grandes associations de lutte contre le sida que la gestion des millions prévues pour leur venir en aide.

 Depuis décembre dernier, les sidéens du nord du Burundi vont de plus en plus mal. Chaque jour apporte son lot de morts. Dans les provinces du nord, par exemple, en quelques jours autour du 18 mars, cinq personnes sont décédées selon Gahimbare Carita, un médecin. Dans la province de Ngozi, toujours au nord, le nombre de sidéens malades de la tuberculose s’est accru de plus de 20% depuis le début de l'année, comme l’indique Rose, chargée des malades du sida dans cette province. Pour Gahimbare, autant de malades mourants ou alités ne se voyaient plus depuis que ceux qui sont atteints du VIH sont sous antirétroviraux (ARV).En fait, les organisations comme le PAM (Programme alimentaire mondial), le FHI (Family health international) qui fournissaient de l’aide nutritionnelle aux sidéens démunis l’ont arrêtée fin 2011. Or pour être efficace, la prise d'ARV doit s'accompagner d'une alimentation adaptée au traitement et qui en limite aussi les effets secondaires. Celle-ci doit être riche et variée : protéines (viande, poisson) et vitamines (fruits et légumes) sont nécessaires. Les malades sous traitement qui ne sont pas bien nourris se sentent très faibles. Nombre d'entre eux arrêtent de se soigner. Selon Rose, certains patients lui remettent les médicaments arguant qu’ils ont faim. De même, les maladies comme le paludisme, la tuberculose, la diarrhée, symptomatiques du sida, reviennent avec une grande virulence, en même que la charge virale en hausse à cause de l'arrêt des traitements.

 Beaucoup d'argent en jeu…À l’origine de cette situation, selon la ministre de la Santé publique, Sabine Ntakarutimana, un conflit entre ABS (Alliance burundaise contre le sida) et RBP + (Réseau burundais des personnes vivant avec le VIH SIDA) associée CNLS (au Conseil national de lutte contre le sida) du gouvernement dans la lutte contre la maladie. Ces deux ligues sedisputent la gestion des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida,la tuberculose et le paludisme estimées à plus de 22 millions $ (soit près de 30 milliards Fbu) dont une partie doit servir à l'alimentation des malades démunis. Au moment où le Fonds devait débloquer ces financements, début avril, la ministre de la Santé a suspendu le RBP+ comme récipiendaire principal de ces subventions. Selon elle, le partenaire principal du Fonds mondial doit être le SEP/CNLS, organe étatique, mais qui doit attendre entre six à neuf mois pour toucher les premiers financements du Fonds mondial.

 Familles des sidéens ruinées:En attendant, de plus en plus souffrants, ces malades ne peuvent plus travailler et dépendent de leur famille qui font tout pour les aider mais, pour les plus pauvres, se ruinent. "Regardez les dimensions de mon étable, croyez-vous que je l’avais confectionnée pour une seule vache ?", répond Fabien de la commune Ngozi interrogé sur l'impact de la maladie de sa fille sur ses revenus. Il a dû vendre la génisse juste pour la nourrir et la faire soigner.Quant à Louise de la commune Mwumba qui courait les collines pour chercher des fruits à vendre en ville, aujourd'hui chétive et épuisée, elle ne peut plus le faire. Elle et son mari ne disposent que d’une très petite portion de terre de moins d'un are, insuffisante pour une famille de quatre personnes. Deux des enfants ont déjà quitté l’école pour devenir des portefaix et contribuer à nourrir la famille. Un autre malade de la ville de Muyinga a déjà vendu une grande partie de l’équipement de sa maison pour trouver de quoi manger afin de continuer à prendre sa cureLa ministre de la Santé essaie de tranquilliser les porteurs de cette maladie, expliquant qu'il y a de l'argent prévu sur le budget de l’État pour ces associations et qu'il sera utilisé pour les malades en attendant les aides du Fonds mondial. Mais elle ne donne aucune date, répondant juste "soyez patients". Le VIH lui n'attend pas…

Éric Nshemezimana

 

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