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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Goma:Des orphelinats prospèrent au détriment des orphelins

 

(Syfia Grands-Lacs/RD Congo) Au départ des bailleurs, des orphelinats et centres d’hébergement de qualité ont cessé de fonctionner. D’autres, moins scrupuleux, se servent d’enfants pauvres pour détourner d’éventuels dons. Mal pris en charge, ceux-ci s'enfuient souvent et finissent à la rue.

 “Cet orphelinat a ouvert courant 2008. Le propriétaire a simplement transformé sa maison en centre d’hébergement”, indique le chef du quartier Mabanga, l’un des plus peuplés de Goma. Dans une des cinq pièces de la maison, des lits superposés s’empilent le long des  quatre murs. Dans ce dortoir dorment les 48 enfants du centre… “Il y a un an, il y avait 85 enfants. Ceux qui ne s’habituent pas désertent. Mais d’autres arrivent toujours : il y en a beaucoup”, explique sans scrupule le propriétaire, un ancien enseignant en école publique.Dans une autre pièce, le réfectoire, les enfants y prennent chaque jour à 14h leur repas autour d’une longue table. Au menu : pâte de semoule de maïs accompagnée de quelques haricots. “Le soir, c’est pareil, et le matin, avant d’aller à l’école, ils prennent chacun un gobelet de masoso (un mélange de farine de maïs, sorgho et soja), enchaîne une dame en tablier chargée de la cuisine.Goma compte nombre de pareils centres appelés orphelinats. Ils fonctionnent sans moyens fixes, avec des enfants ramassés ici et là dans des familles pauvres. Le but : s’en servir comme appât pour d’éventuels bienfaiteurs. Les responsables s’enrichissent au passage sur le dos des enfants : ils mettent en effet de côté une bonne partie des vivres et des dons en nature, qu’ils revendent, et ponctionnent l’argent reçu pour les frais de fonctionnement du centre – scolarisation et soins médicaux. Ainsi négligés, certains enfants désertent. “Des jeunes enfants pris en otage, qui ne tiennent pas le coup, finissent souvent par s’enfuir pour se joindre aux enfants de la rue dont la situation est déjà précaire”,déplore un activiste des droits de l’homme.

 Lucratif plutôt qu’humanitaire:Tout est bon pour ramener de l’argent. Les hommes politiques désireux de montrer leur philanthropie sont ainsi des gibiers de choix. Donnant-donnant. “Lors des scrutins aux législatives nationales, certains candidats ont fait des dons à notre centre. Nous espérons que ceux à la députation provinciale feront de même. Il ne faut rien négliger pour la survie du centre”, martèle Alphonsine Masika, promotrice du centre d’hébergement Upendo (amour), où vivent 32 enfants. Elle le gère seule, dans le quartier Birere.Les orphelinats et centres d’hébergement créés avec l’appui d’agences onusiennes ou d’ONG internationales n’ont pas tenu le coup. Le centre COVEDEC (Conseil visionnaire d’enfants et de femmes pour le développement et la culture), par exemple, une association de l’EEC (Église du Christ au Congo), dépendait de l’assistance du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le COVEDEC avait encadré des enfants non accompagnés et des orphelins en 2008. explique le révérend pasteur Patrick Senzoga, promoteur du centre.La division des affaires sociales reconnaît ces problèmes. Même le grand centre Don Bosco, appartenant aux pères salésiens, qui encadre plus de trois cents enfants et les forme à divers métiers connaît des difficultés. “Que faire ? Tant que le nombre d’enfants ne trouvant leur salut que dans ces centres augmente, et que les centres fiables manquent, il y aura des personnes peu scrupuleuses pour en profiter au détriment des enfants”, explique le chef de bureau à la division des affaires sociales.

Un danger pour les enfants:Des parents démunis, qui pensent aider leurs enfants en les y plaçant, sont atterrés de les retrouver à la rue. “Lorsqu’ils sont venus prendre mon fils, ils m’avaient garanti de le garder et de le prendre en charge. Huit mois après, j’ai retrouvé mon enfant dans la rue”, regrette Alphonsine Nabintu, larmes aux yeux. Elle pensait alléger son fardeau : elle élève six enfants orphelins de père depuis cinq ans. Alphonse Bajoje, 11 ans environ, s’est lui enfui d’un orphelinat avec trois autres pensionnaires. Ils ont rejoint les enfants de la rue. “J’étais chaque fois chassé de l’école parce que le centre ne payait plus les frais scolaires. Et on mangeait difficilement. Ici, dans le centre-ville et les marchés, nous nous débrouillons pour survivre en nettoyant les taxis-motos, en transportant des petits colis…” Les activistes et défenseurs des droits humains s’insurgent : “La loi interdit l’exploitation des enfants par des adultes à des fins lucratives. L’État doit remédier à cette situation. Car ces orphelinats sans moyens hypothèquent l’avenir de ces jeunes”, s’inquiète Djenton Maungu, président urbain de la société civile de Goma.

 

 

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