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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

L’art du rire:Après le rire, le malheur de la politique

Mon oncle me disait qu’il faut parfois raconter des anecdotes assez drôles  afin d’étouffer le silence de détresse qui règne dans la maison le jour où vous vous sentez tristes et seul ayant le sentiment d’être abandonné, notamment par les dirigeants de votre pays. C’était un vendredi matin, à l’heure du petit déjeuner alors que nous mangions un morceau de pain préparé à l’africaine. D’emblée j’étais entièrement conquis par son point de vue, puisque c’est de cette façon que notre monde se définit. Toutefois, je lui ai tout de même demandé si c’est vraiment approprié  de rire, dans un pays où la pauvreté ronge  presque quotidiennement les gens,  à la manière des rats perçant un sac d’arachide. Les  pauvres ne sachent plus à quel saint se vouer, pendant qu’une minorité des  riches font ostentatoirement étalage des richesses spoliées  des ressources naturelles et financières appartenant pourtant au peuple. La réponse de mon oncle ne s’est pas fait attendre. Il la lâche au milieu du groupe comme un fruit mûr. Il répondit sagement, le rire n’est ni  l’apanage des justes, ni d’injustes. Il n’appartient à personne. Il n’est d’aucune obédience, ni politique, ni  religieuse encore moins philosophique. Personne ne peut mettre à sac le rire, ni lui attribuer un pourcentage en fonction d’une quelconque appartenance. Le rire ne peut être défini autrement que par lui-même. A peine, il eût fini sa phrase, nous éclations de  rire. Cela nous a fait du bien, puisque après une épuisante journée, il fallait des occasions  semblables pour renvoyer aux vestiaires la fatigue, la faim et la soif  qui vous brisent les jambes et les nerfs comme un porc-épic rongeant un arbre. Ces fâcheuses et désastreuses dames  aux silhouettes invisibles et terrifiantes nous pourrissent parfois la vie en paralysant notre avenir, surtout si vous avez la malchance d’être né dans un pays comme la Somalie, la France, la Belgique, le Tchad, le Niger, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Inde, le Soudan, la Chili, la République Dominicaine, le Cuba, la république centrafricaine, le Sénégal, la Guinée Conakry et j’en passe.  Voilà les raisons qui font précipiter tous les jours, les gens dans les tombes des cimetières à travers tous ces pays, tels des habits inutiles dans nos armoires. Pour revenir à notre groupe d’hommes, seul un d’entre nous avait maintenu la bouche bée, on dirait dans un pays de dictature où le droit à la parole est totalement proscrit. Je ne comprenais du tout rien de cette attitude. De toutes les façons, chacun est libre d’agir comme bon lui semble, puisqu’il s’agit là d’une liberté individuelle. A ce point, tout est clair pour tout le monde. Et si l’on raisonne par l’absurde, on peut dire aisément que plus souvent nous ne sommes pas responsables de notre rire .Et comment une personne sur dix  a eu une attitude différente ?  Celle-ci n’est-elle pas été retenue par une force invisible qui l’avait empêchée de faire comme les autres, tel un chef d’état africain qui se laisse guider par des dirigeants occidentaux ? Soudain surgit de l’océan une baleine. Un enfant sortit de nulle part s’adressa à notre ami en ces  termes : « Qu’est-ce qui vous a empêché de partager votre rire avec les autres ? Avez-vous des difficultés d’ordre familial ou professionnel ? »  Réponse : «  mon fils, si je n’avais pas été tenté de rire comme les autres, ce n’est pas parce que je suis miné par des difficultés de la vie, puisque personne ne pourra les empêcher de naître, mais je voulais voir juste la façon de rire des autres. On est entre amis et frères. Nous menons une vie quasiment des clochards attendant l’heure de notre mort, puisque cette vie n’en vaut pas une ». Cette réponse nous avait  paru  si bizarre que nous avions encore  éclaté de rire pour un temps fou. Tous les adultes qui se trouvaient là avaient fini par rire, sauf le gamin qui s’est introduit parmi nous sans que nous ne sachions d’où vient-il ! Nos visages sont tristes malgré nos rires. Habituellement, les enfants ont toujours un visage rayonnant, sauf s’ils ont faim, soif ou malades. Et c’est fût  le tour de notre compagnon de le lui demander  les raisons qui l’ont empêché de partager son rire avec nous, surtout qu’il était le seul enfant à se trouver parmi les adultes. Ce n’est un secret pour personne que  le rire n’est juste l’expression  d’une bonne ambiance quand on se trouve entre amis, frères et sœurs. Certes, on rencontre  des gens comme en Afrique ou dans certains pays asiatiques, qui souvent éclatent de rire même en colère. Malgré ce rire  un peu forcé par des gens ivres de colère, il reste tout de même un rire. C’est comme si vous rassemblez  des milliers de coqs  de plusieurs couleurs, mais ils restent tout de même des coqs. La couleur n’enlève en rien leur  appartenance à  la famille des volailles. L’enfant de poursuivre, le rire comme le goût ne se discute pas. Ensuite, c’est libre à chacun  de rire et nul individu n’est obligé de le faire par imitation. Surpris par sa réponse, personne n’a ri. Il était le seul à rire en regardant yeux dans les yeux le plus âgé d’entre nous. Pourtant ce sont des choses qui ne se font jamais en Afrique, puisque nul enfant n’a le droit et le courage de regarder les plus âgés yeux dans les yeux. Ceux qui osent le faire sont immédiatement qualifiés des maléduqués. Ce n’est pas  comme en Europe ou en occident où l’on apprend à tout le monde de regarder son interlocuteur yeux dans les yeux, malgré qu’il soit plus âgé que vous. On assiste à une divergence des cultures L’essentiel n’est pas d’ailleurs de tenter de comparer les cultures des autres, mais surtout de se rendre compte des divergences et des convergences entre elles. Certes, il existe certains aspects des cultures qui sont négatives, voire très dangereuses pour la vie en société. Dans certains africains par exemple,un homme peut prendre la femme de son fils ou de son père si celui-ci après son décès. Certains font jusqu’à arracher la fiancée de leurs fils ou leurs pères. C’est  un problème moral qui se pose et qui pèse lourdement dans la vie d’un peuple entier. Le plus dangereux, c’est quand une culture encourage le vol ou l’assassinat d’une personne à cause d’une femme ou des biens. Disons-le clairement que chaque peuple est identifié par certains aspects  de sa culture ou civilisation. Le petit  avait parlé de façon merveilleuse et philosophique sans être pris au sérieux.  Pendant que nous étions plongés dans une méditation profonde  sur la question posée par lui, l’enfant n’avait pas encore cessé de rire. Ce n’est peut-être pas un fou rire, ni une folie, mais des éclats de rire interminables  au point d’en inquiéter certains d’entre nous. Tout à coup surgit un autre enfant,  quasiment du même âge qui lança une question comme une flèche sur le dos d’un gibier,  à son copain, présent depuis une belle lurette : « A cet âge l’enfant a-t-il le droit de rire et surtout de rester avec les  adultes ».Mais le premier enfant continua de nous surprendre avec ses questions délicates. « Cette réponse est très âgée, elle est adulte. Je n’ai pas droit de  me justifier  à la place des adultes qui sont devant toi. Qui es-tu et d’où viens-tu ?», lui avait-il répondu. Mais le nouveau venu dans notre groupe répondit en  ces termes : « Pour rire avec les autres on n’a pas besoin de dévoiler son identité comme on pourra le faire devant un groupe des policiers. Rire est un art. Or, l’art est universel, il n’a donc pas une nationalité. Il  n’y a pas d’immigré en matière de rire » Nous avons tous éclaté de rire, y compris les deux enfants. Une fois de plus surgit un troisième enfant, une  petite fille souriante, faisant ainsi apparaître ses dents blanches, telle une neige. Une chose aussi surprenante, c’est la réponse des deux enfants  à leur copine.  Une femme n’a pas le droit de rire au milieu des hommes, disent-ils ! Comme une bombe, nous avons éclaté très fort de rire, y compris les trois petits enfants. Pendant que le rire battait son plein, la petite fille répondit  à nos deux petits garçons : « vous allez  devenir certes,  un jour des hommes, mais actuellement vous ne l’êtes pas encore. Vous êtes encore enfants, sachez que le rire est  aussi vieux comme le monde. Alors que vous, vous avoisinez à peine dix ans. » Un autre rire prolongé éclata.  Il a fallu que les deux garçons disent à la  fille de s’en aller, puisque d’après eux, le rire lui-même est masculin. Une femme quelque soit son âge n’a le droit d’être au milieu des hommes. Tout le monde décide finalement de mettre fin à son éclat de rire quand vint la nouvelle de la mort tragique de cette fille à cause de la faim quelques heures après son départ.Pourtant  elle habite dans une maison voisine à celle d’un riche homme politique.Nous étions restés pendant longtemps sans un seul sourire.Ce n’est plus magnifique, mais le malheur de la politique.

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