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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Les prises d'otages menacent la stabilité du Nord Kivu.

 

Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Depuis le mois d'août dernier, les prises d'otages se multiplient à Goma et dans toute la province du nord Kivu, à l'est de la RD Congo. Pointés du doigt, les ex-rebelles intégrés à l'armée congolaise nient toute responsabilité, tandis que les autorités jouent l'apaisement, afin de préserver la sécurité.

 

Avec plus dix personnes enlevées et tuées depuis la mi-août, dont le président de la société civile de Masisi, l'inquiétude s'installe de nouveau dans la ville de Goma, à l'est de la RD Congo. Les populations s'inquiètent et s'interrogent sur la solidité des accords de paix signés il y a un an et demi, en mars 2009. Une partie de l'opinion publique condamne ces exactions et pointe du doigt les groupes armés, intégrés au sein des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), accusés d'être la source de l'insécurité dans le nord Kivu. "L'examen de la situation politique, sociale et sécuritaire de la ville montre que des militaires venus de différents groupes armés ont été intégrés dans la police ou dans l'armée, et sont toujours sous le commandement de leurs anciens chefs. C'est une des clauses des accords de Goma et c'est là une situation peu rassurante", explique Maître Jean-Paul Lumbulumbu, coordonnateur du Réseau des actions citoyennes des droits de l'homme. "Comment expliquer que les mêmes personnes qui ont servi la rébellion restent dans les entités qu'ils avaient contrôlées pendant la guerre ?", renchérit un habitant qui a requis l’anonymat. Dans une lettre ouverte adressée au Chef de l'État, la société civile a même accusé nommément des membres du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP) d'être responsables de l'enlèvement du président de leur organisation.

 

Démenti formel de Kambasu Ngeve, secrétaire général du CNDP, qui propose la mise en place d'une commission d'enquête internationale pour déterminer les responsabilités dans ces affaires d'enlèvement. Selon Jules Mahamba, avocat général du même parti, les accusations sont non fondées. "Nous avons apporté la preuve que le CNDP n'a plus d'armée ou de police, mais chaque fois qu'il y a insécurité, ce sont les ex-militaires du CNDP qui sont pointés du doigt. Et on oublie qu'aujourd'hui, ils font partie des FARDC", martèle-t-il. Selon Kambasu Ngeve, le processus est long pour arriver à la paix et que "chaque partie doit respecter les engagements pris en mars 2009. Dire que le CNDP est responsable de l'insécurité est une manœuvre politicienne des autorités qui installent la terreur pour asseoir leur pouvoir". Selon lui, le problème, c'est le manque de suivi dans l'intégration des ex-soldats rebelles, l'absence de nominations aux grades supérieurs ou à des postes politiques. Autant de motifs de frustration qui incitent certains à regagner leur ancien fief.

 Démilitariser Goma

Les autorités provinciales reconnaissent leur responsabilité dans la protection des citoyens et jouent la carte de la prudence. "Nous avons réuni tout le commandement des opérations Amani Leo autour du Commandant de la 8e Région militaire ainsi que tous les compétents en matière de sécurité, et nous avons passé en revue tous les problèmes récents, notamment les enlèvements" révèle Julien Paluku Kahongya, Gouverneur de la province du Nord Kivu, qui ajoute que des mesures sont prises pour assurer la démilitarisation de la ville. Des membres de la société civile estiment, sans trop y croire, que celle-ci pourrait en effet encourager le retour de la paix et de la sécurité. "Ce serait une solution salutaire pour la population, mais le contexte actuel n'y est pas favorable, certains militaires étant toujours sous les ordres d'anciens chefs rebelles. Le gouvernement doit faire preuve de réalisme et surtout, allier fermeté et diplomatie pour faire respecter les accords signés avec les ex groupes armés" confie Maître Lumbulumbu.L'heure est donc à l'apaisement et le Gouverneur fait appel à la patience et au sens du devoir de ses concitoyens : "Nous devons conjuguer nos efforts pour convaincre tout le monde d'enterrer la hache de guerre,  pour le retour de la paix et de la prospérité dans la province du Nord Kivu."

 

  Droits de l'homme : Le Burundi esquive la critique de l’ONU

 

(Syfia Grands Lacs/Suisse) Le 28 septembre, le Burundi a fait reporter l’examen de sa situation par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Depuis la réélection, en juin 2010, du président Nkurunziza, journalistes, activistes et militants de l'opposition sont harcelés, emprisonnés, menacés de mort, tués, mais le gouvernement n'admet aucune critique.

 

Harcèlements, arrestations arbitraires, menaces de mort et exécutions sommaires se multiplient alors que le président Pierre Nkurunziza a été réélu en juin avec 92 % des votes. Premiers visés, les défenseurs des libertés, les journalistes et les opposants politiques, dont plusieurs ont pris la voie de l’exil. Les organisations internationales et l’ONU tirent la sonnette d’alarme, en vain. En juin, la représentante de Human Rights Watch (HRW), Neela Ghoshal, en poste depuis 3 ans dans le pays, était expulsée. Elle est l’auteur d’une dizaine de rapports sur les graves abus commis au Burundi. Le dernier concernait les violations électorales et l’impunité dont semble jouir le parti au pouvoir.

Mardi 28 septembre, l’expert indépendant Fatsah Ouguergouz aurait dû faire un rapport sur le Burundi devant le Conseil des droits de l’homme qui tient ces jours-ci sa 14e session à Genève. Mais cet exercice a été repoussé à la session de mars. Raison officielle : la délégation burundaise n’aurait pas encore eu connaissance du rapport, donc ne pouvait pas préparer son droit de réponse. Mais, pour Neela Ghoshal, qui a fait le déplacement depuis Nairobi pour l’occasion, le vrai motif est ailleurs. "Le gouvernement verrouille toute possibilité de critique à son encontre. Il n’est même pas certain que le rapport soit présenté en mars", soutient-elle. Lors d’une conférence de presse donnée le 25 juin, le précédent expert de l’ONU chargé d’inspecter les droits de l’homme au Burundi, s’alarmait déjà des violences et abus dans le pays.

 "Le Burundi ne veut pas de mauvaise note"

Dans une lettre – dont nous avons obtenu copie –  adressée le 21 septembre au président du Conseil, l’ambassadeur thaï Sihasak Phuangketeow, le gouvernement burundais invoque aussi la résolution qui stipule que l’expert indépendant ne s’exprimerait qu’après la mise en place dans le pays d’une Commission indépendante des droits de l’homme. Le Burundi s’était effectivement engagé en 2008 à ce que cette Commission voit le jour début 2009, mais rien n’a été fait jusque-là.

"Le Burundi ne veut surtout pas de mauvaise note alors que son président vient d’être réélu. Cela embarrasserait les bailleurs occidentaux, et le pays a trop besoin d’argent", analyse Alexis Sinduhije. Cet ancien correspondant de BBC et Reuters a fondé la Radio publique africaine à Bujumbura qui a enquêté sur de nombreuses affaires sensibles. Depuis 2008, il a quitté sa casquette de journaliste pour fonder un mouvement politique d'opposition. Menacé de mort, il a quitté le pays il y a deux mois.

 Frustration latente

Pour lui, le durcissement des autorités entretient une frustration latente amenant une partie des opposants, dont beaucoup de jeunes, à reprendre les armes. Particulièrement inquiétant, l’existence de Radio Rema-FM : "Cette radio, qui est encouragée par le président, diffuse des propos diffamatoires graves incitant à la haine ethnique", estime-t-il Une crainte partagée par Neela Ghoshal, qui relève cependant que le danger aujourd’hui n’est plus d’ordre ethnique, mais politique. "Les compositions sont maintenant mixtes (Hutus et Tutsis) au sein du gouvernement et des forces de sécurité, rappelle-t-elle. Les conflits actuels ont lieu essentiellement entre Hutus." Pour elle comme pour l’ancien journaliste, la solution passe par l'ouverture d’un espace démocratique dans le pays. "Si ces jeunes ont la possibilité de participer au processus politique et de s’exprimer sans craindre la répression, ils ne choisiront pas les armes", soutient Alexis Sinduhije.

Carole Vann/InfoSud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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