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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

" Nous sommes en train de construire un espace des diversités et de la laïcité ", L'Adjoint au maire de la ville de Toulouse en Midi-Pyrénées.

congolaisMonsieur
                                                                      Ahmat Zéïdane Bichara/Toulouse-Roseraie
Jean-paul Makengo est le premier adjoint au Maire de la ville de Toulouse dans la Haute-Garonne qui soit Français d’origine africaine (République Démocratique du Congo-Afrique centrale). Il nous livre ici le chemin qu’il a emprunté pour arriver à ce niveau. Monsieur Makengo est un jeune intellectuel très ouvert et d’une franchise incroyable. Il parle vrai avec un français facile accessible à tout le monde.  Voici ci-dessus son interview.  Il s’est dit prêt à apporter sa contribution pour la construction de son continent d’origine, cette Afrique qui n’avance pas à cause des multiples maux qui minent son développement.
 

-Qui êtes-vous Monsieur l’Adjoint au Maire de la ville de Toulouse en Midi-Pyrénées ?
-Je m’appelle Jean Paul Makengo, je vis à Toulouse depuis l’âge de 16 ans. Je suis né en République Démocratique du Congo. J’ai suivi mes études secondaires à Toulouse. A  l’université de Toulouse, j'ai ensuite suivi des études de Sociologie et de Sciences Politiques. Un parcours classique, donc. J’ai adhéré à plusieurs mouvements syndicaux  et à plusieurs mouvements de luttes étudiantes. Je suis ensuite entré au parti socialiste, après être passé par le Mouvement des Jeunes Socialistes  De fil en aiguille,  j'ai eu des postes à responsabilité au PS ; Jusqu’à aux Municipales de 2008, où je suis entré  à   la Mairie de Toulouse. Aujourd’hui nous sommes au lendemain de mon élection au Conseil Régional de la Région Midi-Pyrénées. Vous êtes le premier à qui je parle de cette  élection. J’ai obtenu la nationalité française bien avant mes vingt ans, peu de temps après mon arrivé en France. 
-Votre accession à ce poste d’adjoint au maire a surpris beaucoup de gens, qui vous connaissent ou non. Tous ont cherché à connaître le chemin que vous avez emprunté pour arriver à ce niveau.
-Comme je l’ai expliqué précédemment, j’ai passé pratiquement la moitié de ma vie à militer pour le Socialisme et le connais bien. J’ai beaucoup d’amis au sein de ce parti,  avec qui j’ai cheminé depuis le syndicalisme étudiant. Pierre Cohen a voulu m’avoir sur sa liste  pour les municipales. Très actif dans le milieu associatif,  je m’impliquais beaucoup en interne. Cette nomination est un peu la reconnaissance de tout ce travail militant.
-Quels sont les dossiers dont vous êtes chargé en ce moment,  en tant qu’adjoint au maire de la ville de Toulouse ?
-En tant qu’adjoint au maire, je suis chargé de quatre délégations : l’État civil, la police administrative (qui distribue toutes les autorisations et les licences pour les bars, les restaurants et pour les festivités au sein de la ville). Je m’occupe également des quartiers défavorisés  et de ceux qui entourent la gare de Toulouse (80000 habitants environ). Je suis chargé de tout ce qui a trait aux Droits de l’Homme, à la lutte contre les discriminations, à la parité homme/femme, à l’accueil des migrants et aux relations avec les différents cultes.
-Quel bilan faites-vous  de votre nomination au poste d’adjoint au maire ?
- Il y a un bilan pour chaque niveau : au niveau du quartier, on travaille sur une redéfinition des projets de quartier ; au niveau de l’état civil, nous avons mis en place d’autres types de manifestation comme la cérémonie du Pacs en mairie, au niveau de la lutte contre les discriminations, la ville de Toulouse a adhéré à la coalition des villes européennes contre le racisme, la ville de Toulouse a signé la charte Européenne de parité homme/femme dans la cité, nous sommes en train de construire un espace des diversités et de la laïcité. J’ai créé et je préside par délégation du maire le Conseil Toulousain des Résidents Étrangers, et au niveau de la police administrative je suis en train de travailler à une refonte des arrêtés municipaux liés à la vie nocturne.
-L’année dernière il y a eu une « Semaine des langues », elle a entrainé une grande participation des Africains vivant à Toulouse, mais cela n’a pas fait reculer les discriminations ni le racisme, les Arabes accusant les Français de racisme, ces derniers pointant les Africains etc.….que dites-vous de ce problème de racisme ?
-Le problème des discriminations est un problème plus large, il faut dire que nous sommes tous susceptibles de discriminer. Partant de ce principe, il faut traiter   toutes les formes de discrimination sans n’en oublier aucune. Maintenant, il faut savoir que dans un problème de discrimination, il n’y a ni coupable ni victime. Il faut simplement redéfinir notre manière de vivre ensemble, et pour redéfinir cette manière de vivre ensemble, il faut déjà, à la base, créer les conditions d’un accès égalitaire aux services publics, et favoriser l’égalité de chance pour tous nos enfants,  dans l’intérêt de tous.
-On parle toujours de Toulouse comme d’une ville d’accueil, confirmez-vous cela ? 
-Effectivement, Toulouse est une ville d’accueil, nous sommes peut-être après Paris la ville ou il y a la plus forte présence étrangère, nous avons 110 000 étudiants dont 12% sont étrangers, et 14% des employés sont étrangers. Comme dans toutes les grandes villes, nous avons des problèmes de discrimination, mais nous ne devons pas nous arrêter à cela, car le phénomène est très marginal. Il faut trouver des moyens de lutte contre la discrimination,  mais en général les étrangers sont bien accueillis dans notre ville.
-C’est vrai, beaucoup d’étrangers sont bien accueillis à Toulouse, mais la majorité ne travaille part, ne vit que des allocations de chômage et d’autres aides sociales. Que faites-vous concrètement pour que ces étrangers, particulièrement les Africains, soient socialement insérés ?
-La mairie peut aider à l’insertion par le biais des associations, par le biais de la politique de la ville, par une meilleure politique du logement, mais pour ce qui est de l’emploi, il relève plutôt de l’État, c’est là qu’il ne faut pas faire de confusion. La ville peut aider, la ville peut créer les conditions pour favoriser une insertion sociale mais l’emploi relève de la politique nationale, il faut que l’État arrive à répondre à la question de l’emploi. Au niveau de la ville, nous devons favoriser les conditions d’accueil des étrangers, leur formation en lien avec la région, leurs conditions d’accès à tous les services de notre ville, notamment dans les écoles. Ce sont les leviers dont dispose la ville, mais pour ce qui est de l’emploi, il revient à l’État de mettre en place des mécanismes de l’emploi aussi bien pour les étrangers que pour les nationaux.

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