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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad : Début des manœuvres électorales sur fond de suspicion.

Après une longue période d’incertitude, les dates des élections législatives et locales ont été fixées respectivement  au 28 novembre 2010 et au 12 décembre de la même année par la Commission Électorale Indépendante présidée par l’ancien et charismatique secrétaire général du principal syndicat des enseignants du Tchad, N’Garmadjial Gami. Les faits et gestes de cet hommes sont suivis de près et les décisions de son institution scrutées à la loupe par les partis d’opposition. La trajectoire de ses prédécesseurs au lendemain des élections suffit à elle seule pour  justifier un tel degré de suspicion.Le même calendrier prévoit aussi la tenue du 1er tour des élections présidentielles le 23 avril 2011 où l’actuel président sera sans surprise candidat à sa propre succession. Là-dessus, il ne fait  l’ombre d’aucun doute. D’ailleurs, la modification de certaines dispositions de la constitution, et notamment la suppression de la limitation  à deux du nombre des mandats présidentiels participe de cette volonté de se maintenir autant que possible au pouvoir. Cette modification constitutionnelle contestée par beaucoup des Tchadiens porte en elle, tous les ingrédients à l’origine des révoltes et des événements tragiques les unes après les autres. Cette grave erreur historique, comme tant d’autres par le passé ont considérablement éloigné  le pays des aspirations réelles de paix et de concorde nationale de son peuple.Depuis l’annonce du calendrier des prochaines élections au Tchad, les manœuvres ont commencé pour  gagner des sièges à l’Assemblée pour les uns, à la municipalité pour les autres et enfin à la haute magistrature suprême pour d’autres encore.

Toutes ces élections aussi nobles soient-elles sont complètement dévoyées et vidées de leurs substances essentielles. Les élections sont devenues  une grande farce, une véritable poudre aux yeux pour se donner bonne conscience et faire plaisir à la communauté internationale. Personne ne croit à la transparence des élections, ni à l’alternance par la voie des urnes dans ce pays, pas même ceux qui en ont la charge. La réalité c’est que l’actuelle classe politique de la majorité comme de l’opposition  est en panne de renouvellement  d’hommes et des idées. A quelques exceptions près, nous avons à faire à des hommes politiques fatigués, dépassés par les événements et  rompus dans l’art de sordides combines, de trahison et d’opportunisme,  sans aucune conviction d’engagement politique. C’est en partie une des raisons qui explique les alliances débridées et les compromissions insoutenables de certaines formations politiques. Au-delà, de ces basses manœuvres purement matérielles, il se pose la question de crédibilité morale et intellectuelle de tous ceux qui aspirent à occuper  le fauteuil présidentiel. Comme ce sont les mêmes qui gouvernent et légifèrent, on finit par créer des codes et des normes qui favorisent les uns et exclus les autres. Les prochaines élections présidentielles de 2011 suscitent déjà d’inquiétudes au sein de l’opposition tchadienne. Et pourtant, elle s’est tirée,  elle-même,  la balle dans les pieds avec ce fameux accord du 13 août 2007. Résultat : des personnalités importantes de cette opposition ont intégré le gouvernement  en reniant tout simplement leurs engagements et  les convictions qui sont les leurs. Du coup, ils ont cautionné et conforté un pouvoir arrogant et farouchement opposé  à l’idée d’organiser une conférence de paix inclusive. Ils ont réussi à consolider un régime résolument tourné vers l’option militaire avec l’achat massif des armes. Comme la bouche pleine ne parle pas, aucun de ces opposants entrés dans le gouvernement n’a dénoncé ce pillage des ressources à des fins militaires qui ne se justifient même pas si le président acceptait de faire le choix d’une solution négocié large, juste et courageuse.

Prétendre se présenter aux présidentielles contre Deby devrait faire sourire les Tchadiens qu’on tente de prendre pour des idiots. Il vaut mieux pour ces personnes âgées, de prendre simplement leur retraite en remerciant Deby pour les considérables indemnités pour services rendus qu’il aura certainement à leur verser. L’histoire retiendra seulement de quelle manière Kamougué, Aligué, M’Bailaou et Dahlob ont opté clairement pour la politique du ventre au lieu de jouer le rôle d’opposition constructive qui leur incombe. En faisant ce choix, les quatre ont parfaitement conscience qu’ils donnent la possibilité à Deby de gagner haut la main les élections futures. Le dernier obstacle et non de moindre à été lever : il s’agit de l’abandon de l’option de la carte biométrique au profit du fichier informatique. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est l’adhésion quasi unanime de l’opposition à l’option aussi controversée du ficher informatique alors que Deby s’était fait élire successivement en 1996, 2001 et 2006 sur la base de ce système. Autant reporté les élections en 2014 en utilisant la carte biométrie que d’accepter les échéances électorales de 2011 avec un scénario écrit à l’avance. Si cela n’est pas une bêtise, les partis d’opposition ont compris tout simplement qu’ils ne jouent pas dans la même cour de grands avec le président actuel. Le seul rempart à démanteler pour Deby, pour rendre parfait son opération main basse sur les  prochaines élections présidentielles et même législatives c’est le retrait immédiat et définitif de la mission des Nations Unies en Centrafrique et au Tchad. La présence de cette mission pourrait constituer, à termes une épée de Damoclès sur les prochaines échéances. Par ailleurs, la vaste opération main propre engagée contre certaines personnalités impliquées à tort ou à raison aux malversations financières n’est pas le fait du hasard. Il s’agit de redorer l’image écornée d’un pays et de son président. Et c’est aussi une véritable opération de communication pour éclipser les vraies préoccupations du moment, dans une perspective des échéances électorales.

  Moussa T. Yowanga

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