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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad : Cette crise économique qui détruit les opérateurs économiques. Mais que faire ?

      Chronique de l’économiste et analyste politique tchadien Kébir Mahamat Abdoulaye

 

Huit (8) milliards de FCFA montant qui comprend des factures impayées, des contrats signés, des marchés en cours d'exécution avec l'Etat. Une dette d'un montant d'un (1) Milliard de FCFA envers les Banques, plus de 200 millions de FCFA d'agios des banques. Des fournisseurs et salariés en attente de paiement, des chantiers aux arrêts. Une trésorerie au rouge face aux engagements réguliers de la société. Budget de l'Etat 2017 clôturé depuis le 28 novembre. Projet de loi des finances 2018 n'est pas encore adopté en conseil des Ministres. Une trésorerie de l'Etat au rouge face à ses nombreux engagements financiers multiformes. Telle est la situation financière d'une entreprise (d'un ami) au Tchad. Cette situation financière catastrophique touche plus ou moins toutes les autres entreprises qui travaillent avec l'Etat.

 

 La crise économique dure depuis 3 ans et on entame sa quatrième année. Parmi les conséquences de la crise, les factures impayées des entreprises ont littéralement augmenté jusqu'à atteindre 800 milliards de FCFA, soit 1,3 milliards de dollars $. Face à cette situation de récession, des entreprises sont sur le point de fermer leurs portes, certains ont signalé à la Direction Générale des impôts leur faillite, d'autres quittent le pays pour d'autres pays. Les importations tout comme les exportations ont baissé. Les difficultés financières, la faillite des entreprises et la baisse de la balance commerciale portent de coups durs au trésor public en termes de recettes fiscales et administratives. Alors que doit faire le gouvernement pour juguler cette situation financière qui étrangle les entreprises du secteur privé qui travaillent avec l'Etat ? Depuis la crise économique, aucun plan national de sauvetage des entreprises n'a été entrepris, ni un programme établi et ni des actions priorisées n'ont été initiées pendant que la crise économique continue à ruiner les entreprises en situation financière alarmante.

 

Le revenu pétrolier qui est en situation juridique, économique assez compromise ne peut faire le rebond de l'activité économique et ni susciter la relance. Si rien ne sera entrepris suivant un plan de sauvetage des entreprises, l'année 2018 sonnera le glas de ces entreprises et l'effet domino s'étendra sur l'ensemble de l'activité économique avec pour conséquence l'augmentation de chômage, faillite aigue des entreprises, une crise sociale encore accrue, une baisse drastique des recettes fiscales...De la baisse de croissance à la récession économique (baisse du PIB), le Tchad se dirigera vers la dépression économique qui est la phase grave et importante de la baisse de production, consommation, d'investissement, d'épargne...Le discours officiel à répétition selon lequel, l'année 2018 sera encore difficile doit être écarter car il faut nécessairement que la prochaine politique économique doit être axée sur la relance et non par des mesures budgétaires supplémentaires sans véritable effets sur aucune composante de la demande globale (dépense publique, investissement, consommation des ménages, exportation/importations).

 

Aujourd'hui par une politique d'austérité sans résultats sur la relance a induit une baisse drastique du budget de l'Etat. De 1877 milliards de FCFA en 2016 (budget initial) à 936 milliards de FCFA en 2017, soit une baisse de près de 50%. Le PIB a chuté de 14,6 milliards de dollars $ à 9,7 milliards dollars $. La baisse de pouvoir d'achat continue a affecté les conditions de vie des ménages sur fond d'augmentation d'impôts, taxes et diminution des revenus. La capacité de l'Etat en termes des dépenses de fonctionnement, d'investissement, de subvention...a fait une profonde dégringolade. Ces différents facteurs ont provoqué des conséquences néfastes sur l'ensemble des activités des entreprises et de l'économie nationale non diversifiée. Au niveau général de l'économie, toutes les composantes de la demande globale sont affectées par cette politique d'austérité menée depuis presque 2 ans.

 

Si jusqu'à maintenant les perfusions financières venant de la BEAC (Banque des États de l'Afrique Centrale) par des avances statutaires épuisées, des bailleurs internationaux (FMI, Banque Mondiale, BAD.) ont permis d'éviter la banqueroute et assurer régulièrement le paiement de salaire du personnel de l'Etat, la situation des entreprises est devenue intenable et ceci est valable pour l'économie nationale en situation de récession. Nous avons réclamé et proposé la mise en place d'une politique de relance et en mettant l'accès sur l'amélioration de la bonne gouvernance. C'est depuis 2015 au début de la crise financière avant qu'elle ne se transforme en crise économique. La politique de relance veut dire injecter de l'argent dans l'activité économique en baissant l'impôt pour que celle-ci redémarre. Cela ne peut se passer pour le cas du Tchad qu'à travers l'amélioration de la bonne gouvernance. La sécurité, la paix et la stabilité d'un pays sont largement tributaires de sa bonne situation financière et économique.

 

 

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