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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Sans rancune : « Hissein Habré a tué des corps, oui, mais Déby tue à la fois des corps et des esprits... »,pense Don Ebert

«Quand vient le moment où le pouvoir  semble complètement échapper à son détenteur, où par mille détails, on réalise que le roi est nu ». Cette phrase est tirée de l'analyse de Don Ebert dont le titre : « Hissein Habré a tué des corps, oui, mais Deby tue à la fois des corps des esprits»,publiée hier samedi 03 février depuis l’Afrique de l’Ouest, où il vit depuis plusieurs années. Ainsi, il débute très fort son analyse car il ne se laisse pas faire ni intimider. Il semble animer par un seul et unique désir celui de faire passer son message quoiqu'il advienne. Et les mots choisis ne sont pas neutres.Il enchaîne ainsi son analyse :«Quand vient le moment où le pouvoir semble complètement échapper à son détenteur, où par mille détails, on réalise que le roi est nu; quand vient le moment où on devient cruel, sans état d’âme, où on gouverne sans scrupule, par le fer et le sang; quand vient le moment où des collaborateurs prennent leurs distances et demandent à être recasés, alors la fin est proche».

C’est un peu surprenant et curieux de lire de tels propos provenant d'un jeune comme Don Ebert visiblement pacifique, lorsque l'on se fie à son apparence sympathique et joviale sur la photo. Mais attention ! Ne dit-on pas que l’eau douce est la plus dangereuse.Don Ebert est-il dangereux pour Idriss Deby Itno ? On peut dire oui et non. Evidement on peut être dangereux quand on ne supporte plus l’injustice qui frappe de plein fouet tout un pays comme le Tchad, où le régime de Deby Itno semble en  perte de vitesse. Que doit faire le peuple ? Don Ebert donne des vraies explications à cette question : « Lorsqu’arrive ce moment où on devient comme fou, où on se perd dans une logique paranoïaque, où plus personne ne peut nous donner des leçons ; lorsque des langues se délient pour critiquer ouvertement ce que quelques mois ou quelques années plus tôt, personne n’osait dénoncer ; lorsque le sentiment que le pouvoir n’imprime plus sa marque ni son influence s’impose, et que l’opinion et les médias ont déjà la tête ailleurs, alors la fin est là ».

Il poursuit ses explications en suivant un ordre thématique et chronologique des faits passés : «Monsieur Déby souffre (et ce n’est pas une excuse) clairement, au-delà de cette histoire de cirrhose connue de tous, d’une espèce de paranoïa chronique. Or, que développe le leader paranoïaque ? Staline, Hitler, Mobutu, Habré, Mussolini, Yahya, Mugabé, Compaoré et tant d’autres nous l’enseignent encore : le leader paranoïaque développe l'hypertrophie du moi ; elle est considérée, par certains psychanalystes, comme la psychorigidité, l’obstination, l’intolérance, le mépris d'autrui et le fanatisme. Cette surestimation de soi entraîne l'orgueil ambitieux, l'égoïsme souverain, la vanité, masqués parfois par une fausse modestie superficielle ».

Quand on lit cette analyse, on n'a plus envie de s’arrêter, mais en même temps cela fait mal au cœur de se laisser emporter par une réalité désastreuse créée par un président qui ne possède plus ses atouts personnels pour gouverner un beau et riche pays comme le Tchad. Don Ebert explique : «Monsieur Deby développe une grande méfiance à l’égard du peuple tchadien, il sait qu’il le fera tomber tôt ou tard, d’un instant à l’autre. Cette grande méfiance prépare les sensations de persécution par autrui, les sentiments d'isolement. Son univers devient malveillant et envieux. Il le conduit à la susceptibilité, à la réticence et à l'hyper vigilance ».

Sans pointer du doigt qui que ça soit Dont Ebert risque de s'attirer le foudre de ceux qui se réclament encore de la majorité présidentielle, notamment du Mouvement Patriotique du Salut (MPS.  Il persiste et signe : « Monsieur Deby se berce dans la fausseté du jugement avec cette crise que nous traversons ; elle est secondaire à la pensée paralogique. Elle se traduit par des interprétations fausses et un subjectivisme pathologique. Elle se fonde sur un système où domine un sentiment de persécution ou de grandeur. L'autocritique ou le doute est impossible, l'autoritarisme et l'intolérance tyrannique vis-à-vis de l'opinion de l'entourage sont fréquents. Que vit-on actuellement ? Et ce n’est pas tout. Parce que paranoïaque, Monsieur Deby tombe aussi dans l'inadaptation sociale;sa sociabilité est faible, son attitude globale est toujours exaltée, rigide avec un comportement revendicatif, rancunier, quérulent. Il se crée en permanence des ennemis (intérieurs et extérieurs) pour légitimer son pouvoir monarchique, sa dictature sans passion ».

Et c’est le terminus de son analyse politique qui n’est pas aussi simple qu’on le croit. Don Ebert fait un dernier tir, mais qui est très résistant: «La fin d’un règne nous parle aussi de la personnalisation du pouvoir que beaucoup d’entre nous jugeons excessive depuis ¼ de siècle, et qui fait du Président un monarque dont les moindres signes de faiblesse sont décortiqués et cruellement commentés. La fin d’un règne évoque clairement le temps du politique, dont les ruptures sont de plus en plus marquées et de plus en plus rapides. Un temps dans lequel la distance entre l’illusion de l’élection et la déception, voire la haine du vainqueur d’hier, est de plus en plus faible. L’Etat doit survivre, mais le citoyen peut mourir... Et dire qu'il y a encore des intellectuels et des hommes de médias, des analystes qui soutiennent ce régime en lui trouvant toutes justifications possibles, c'est simplement triste ! ».

Et c’est là où l’analyse de Don Ebert eut automatiquement poussé les utilisateurs des réseaux sociaux à réagir. Isidore LeBéram de Bendoh fut le premier à réagir :« Vraiment mon petit. Nous sommes des belles marionnettes à la ressemblance humaine. Nous pensons avec le cœur au lieu de réfléchir avec la matière grise qui ferait de nous une nation objective et épanouie. Ce ne devrait pas être un sujet de débat. Oui, si toi Don est « très petit » pour savoir ce que notre cher ex président a fait, tu ne l’es pas dans l'âme, moins encore en esprit aussi bien épanoui en lettre. Toute nous autres avions vu périr nos parents, oncles etc. Sous le règne de HH, nos cœurs brisés l’avaient condamné, culpabilisé. Mais s'il faut voir du point de vue politique, il est question d'un système de pouvoir dictatorial. Nul pouvoir au monde ne peut gouverner sans verser le sang. HH a tué les corps et les corps lais Deby tue le corps et les esprits. Cette assertion est scientifique. Ce qui me fait regretter le départ de HH. Pourquoi prendre parti ??? Grandissons un peu chers parents, compatriotes et amis Tchadien. Dès lorsque nous aurions conservé cette peur de jugé et de se transcender, notre patrie serait ainsi à jamais meurtrie dans les crises interminables ».

Mais aussitôt, il est secondé par Kaimba Ouadjonret qui estime : « Qu’il n'y a pas d'autres issue pour ce régime qui est en train d'agoniser depuis ces dernières années. C'est la fin d'un règne qui s'annonce, celle d'une époque où les courtisans affluaient de partout tels des médiums pour chanter à l'oreille du chérif les prédictions erronées des astres. Cette époque des glorieuses a fait son temps. Eh oui ! Chaque chose ne dure que l'instant précis où elle doit briller. On voit mal comment on s'en sortira avec une telle merde. À quelque chose, malheur est bon, Il aura néanmoins réussi à unir tous les tchadiens contre lui. C'est la seule note positive. C'est dans cette situation où le pouvoir semble s'échapper qu'il doit demander le sacrifice à ses proches afin de faire chuter cette fièvre sociale qui plane sur sa tête comme une épée de Damoclès. Il est presque même impossible de sortir de cette impasse vue les solutions préconisées par les autorités et la position maintenue par les travailleurs. Ce Bras-de-Fer n'est pour le moment pas en faveur des autorités.

Et comme stipule un proverbe : « lorsqu’on ouvre une porte, on doit aussi penser à la fermer ». Ce n’est pas faux. Ainsi, avant qu’il ne ferme la porte, Don Ebert laisse un dernier internaute faire son rentrée au débat avec une réaction assez forte qui serait difficilement inacceptable pour beaucoup de personnes.« La condamnation d'Hissein Habré n'est ni plus ni moins qu'un coup de pied de l'âne et une parodie de justice. Je ne vois pas en quoi le régime de Habré est plus dictatorial que celui de Tombalbaye étant si bien donné que l'un et l'autre sont condamnés par les uns et chéris par les autres. Un peu d'impartialité ne fait jamais du mal. Sinon, il ne faut pas s'intéresser à l'histoire du Tchad à moins que pour remuer le couteau dans nos blessures », défend Brahim Moussa Djimi Souleyman.

Enfin l'auteur ferme définitivement la porte sur ce débat tout en réagissant d’une manière  réfléchie  et réaliste   :« L'histoire les juge tous, mon frère Brahim Moussa Djimi Souleyman. Sauf que toi et moi ne pouvons pas mettre sur un pied d'égalité tous les systèmes politiques de ces hommes-là. Le mal a commencé avec Tombalbaye, aucun doute là-dessus. La différence (ce n'est pas une excuse ni une justification), c'est qu'il s'est accentué avec le temps...C'est une question de profondeur, frangin, sinon tous ces régimes ont leurs moments d'inhumanité que nous regrettons. On ne va pas remettre sur le tapis ces histoires de nom. Ce sont les systèmes que nous combattons».

Ahmat Zéïdane Bichara

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