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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

RDC: l'acquittement de Bemba dope les anti-Kabila en plein processus électoral.

L’AFP eut annoncé depuis Kinshasa le vendredi 08 juin 2018 que l'acquittement de l'ex-chef de guerre congolais Jean-Pierre Bemba, ennemi juré du président Joseph Kabila, est interprété comme un "renfort considérable" par toute l'opposition congolaise dans un moment crucial du processus électoral en République démocratique du Congo.Les trois principaux opposants ont salué la décision-surprise en appel de la Cour pénale internationale (CPI) en faveur de Bemba, dont la milice s'est battue en 2007 contre l'armée du président Kabila après sa défaite à la présidentielle l'année précédente.«Son retour sur la scène politique congolaise sera sans nulle doute un renfort considérable pour le camp de l'alternance», a twitté le leader du parti historique d'opposition Union pour démocratie et le progrès social (UDPS) Félix Tshisekedi.

La décision de La Haye a également été célébrée par l'opposant en exil Moïse Katumbi, qui a bu une coupe de champagne à l'annonce du verdict: «Bemba, c'est un frère. Nous avons besoin de l'unité de toute l'opposition avec Jean-Pierre Bemba», a-t-il déclaré à l'AFP. Tous deux candidat à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre, MM. Tshisekedi et Katumbi ont indiqué fin mai qu'ils envisageaient une candidature commune.En RDC, monsieur Bemba dispose d'une force politique représentée au Parlement, le Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), qui travaillait en mars à une alliance électorale avec l'UDPS et un autre parti d'opposition, l'UNC de Vital Kamerhe.«Tu as enduré injustement 10 ans de privation de liberté. Demain est un grand jour. Dans l'union de prière, implorons Dieu pour que tu sois libre pour ta famille et la #RDC », a twitté M. Kamerhe, ancien président de l'Assemblée nationale.

L'acquittement de monsieur Bemba intervient lors d'un énième épisode de la crise politique qui agite la RDC depuis la fin du deuxième et dernier mandat du président Kabila fin 2016. Les opposants, l'église et la société civile accusent le président de vouloir briguer un troisième mandat, ce que la Constitution lui interdit.La présidence de la République indique qu'elle refuse de commenter la décision de la CPI, par la voix du directeur de cabinet adjoint de M. Kabila.« Il est évident que sa libération va provoquer des ralliements émotionnels, sans plus », a commenté à l'AFP le porte-parole de la Majorité présidentielle pro-Kabila André-Alain Atundu.« Nous avions affronté aux urnes par deux fois le MLC de Bemba. La Majorité présidentielle en est sortie victorieuse », rappelle-t-il.Monsieur Bemba avait été battu par Joseph Kabila à sa première élection en 2006, puis avait quitté Kinshasa sous escorte blindée des Casques bleus en 2007, après les violents combats entre l'armée congolaise et sa milice.A Kinshasa, l'annonce de son acquittement a été salué par des effusions de joie dans ses deux fiefs, autour du siège du MLC et dans le quartier «GB» où la famille Bemba possède des parcelles qu'elle loue à une enseigne sud-africaine de supermarché.«Je pleure de joie. Jean-Pierre Bemba était un homme mort.

 Il vient d'être ressuscité », a déclaré Lonmgange Bandjutu au siège du MLC où l'audience de la CPI a été suivie en direct à la télévision.«La libération de Jean-Pierre Bemba est un soulagement pour le peuple congolais qui a soif de voir son leader», a commenté un vendeur de crédit téléphonique, José Mazambi, au quartier GB. «Qu'il arrive même dès demain!»,s'exclame Rachelle en sautillant devant le supermarché Shoprite. Acquitté, monsieur Bemba n'est pas encore libéré. La CPI a indiqué qu'elle tiendrait «une audience sur la détention de monsieur Bemba le 12 juin 2018», «pour discuter de son maintien en détention, en raison de sa condamnation dans une affaire de subornation de témoins. L’annonce de son acquittement a aussi distrait les députés pendant l'audition du président de la commission électorale Corneille Nangaa sur le vote très compromis des Congolais de l'étranger à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre prochain.Réjouissant l'opposition congolaise, la décision de La Haye a scandalisé les ONG de défense des droits de l'homme Amnesty international et FIDH qui parlent d'un «affront aux victimes ».Entre octobre 2002 et mars 2003 cinq mois, les hommes du MLC ont tué, pillé et violé dans la République centrafricaine voisine de la RDC, où ils s'étaient rendus pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé-qui finira par s'emparer du pouvoir en 2003.Monsieur Bemba avait été condamné en première instance en 2016 à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Eric Mocnga Topona,correspondant spécial à Bonn en Allemagne

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