Sans rancune : «Briser l’omerta sur les violations des Droits humains  au Tchad », titre Deutsche Welle, la Radio Internationale allemande

Paru depuis hier jeudi 02 janvier 2019, cet article  portant la signature du journaliste Blaise Dariustone pour le compte de Deutsche Welle, station Internationale allemande qui émet depuis 1954 en anglais, français, espagnol et portugais, eut abordé la question délicate des Droits de l’Homme au Tchad, ce pays d’Afrique centrale, dont peu des médias internationaux s’en préoccupent. L’auteur de cet article au titre très suggestif, relève de façon courageuse les dérives d’un pouvoir autoritaire qui viole allègrement les droits de ses propres concitoyens. Et ce ne sont pas des vœux pieux adressés au peuple qui pourront faire changer d’avis Blaise  Dariustone. Ce dernier se montre virulent envers le régime d’Idriss Deby qu’il dépeint sans vergogne : « Les vœux d’Idriss Deby n’ont pas convaincu tout le monde. Nombreux sont ceux qui restent sur leur faim et reprochent au président de se taire sur les cas d’atteintes aux droits de l’homme. Arrestations arbitraires, séquestrations et intimidations sont devenu le lot quotidien des Tchadiens. Le dernier cas ayant défrayé la chronique remonte au 12 décembre dernier avec l’arrestation d’un présumé voleur par un colonel de la police. Celui-ci, aidé par son entourage, a torturé et séquestré l’homme pendant plus d’une semaine à son domicile, avant de l’abandonner sur un carrefour. Il finira par succomber à ses blessures à l’hôpital ».

Le reporter de D.W ne se contente pas d’un petit paragraphe pour dire tout le mal qu’il pense des dérives du pouvoir de N’Djamena en matière de violation des droits humains mais il enfonce le clou dans le second paragraphe en faisant parler les témoins oculaires de pratiques de tortures moyenâgeuses.«Cette séance de torture filmée et publiée par les tortionnaires sur les réseaux sociaux a suscité l’indignation et la colère des internautes et des Tchadiens. Pour Tahirou Hissein Daga, cousin de la victime, c’est la pression des internautes et activistes qui a contraint les autorités judiciaires a inculpé le fameux colonel tortionnaire et ses deux complices : « La pression de réseaux sociaux a fini par avoir raison de l’omerta des autorités tchadiennes qui ont fini par s’intéresser au dossier et c’est comme ça que le colonel a été appréhendé. Mais nous pensons qu’il faut continuer à maintenir la pression par ce qu’on sait comment les choses se passent au Tchad. Il est fort possible que cette mise scène finisse par aboutir à une relaxe en catimini  du colonel pour qu’il vaque à ses occupations sans pour autant être inquiété, alors qu'un homme est mort pour rien. »« J'ai très peur ».Pour Maitre Midaye Guerimbaye, avocat au barreau du Tchad et président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), la situation des droits de l’homme au Tchad est très grave : Idriss Deby est critiqué pour son silence sur la question des droits de l'homme. « On torture de manière quotidienne au Tchad. Nous avons d’autres dossiers que nous sommes entrain d’initier contre les commissariats de police où des personnes ont alerté la LTDH. Ce sont des personnes qui avaient fait l’objet de tortures et nous avons même adressé des courriers aux hautes autorités. Si l’on ne prend pas de mesures, nous allons arriver à une situation extrême. J’ai très peur. »

Enfin pour rester professionnel dans ce dernier paragraphe, le journaliste de D.W a bien voulu accorder la parole au représentant de l’Etat tchadien, en l’occurrence le procureur de la République Youssouf Tom qui reconnaît la véracité des faits tout en rassurant ses compatriotes excédés par la récurrence de telles  violations des Droits humains en dépit des règles de droit pénal censées réprimander les éventuels coupables. Pourtant, les actes d’une barbarie inqualifiable sont commis au vu et au su de tout le monde comme s’il s’agissait d’un simple film: « Que tous les citoyens tchadiens sachent que la barbarie appartient au passé. Il ne faut pas qu’on pense que nous pouvons avoir le droit de vie sur les autres, de leur donner la mort comme on veut. Tous les citoyens tchadiens sont égaux devant la loi. Nul n’a le droit d’administrer un traitement humiliant à son prochain. A tous les Tchadiens qui pensent  qu’ils peuvent défier l’autorité de l’État, vous allez subir la rigueur de la loi. L’ignorance de la loi n’est pas une excuse. »Ces atteintes répétitives aux droits de l’homme au Tchad ont été soumises par des organisations de défense des droits humains au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies lors du dernier Examen Périodique Universel ténu à Genève en Suisse. Cela a valu au gouvernement tchadien des critiques et des rappels à l’ordre ».

Ahmat Zéïdane Bichara/Moussa T.Yowanga