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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Bukavu:N'importe quelle viande n'est pas bonne à manger…

 

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) À Bukavu, toutes les viandes semblent bonnes à manger pour les plus pauvres : morceaux avariés, animaux décédés, chiens… Le prix compte plus que les graves maladies qu'ils risquent ainsi d'attraper, malgré les mises en garde des vétérinaires. 

 Dès la tombée de la nuit, aux abords des principaux axes routiers de Bukavu, des femmes viennent écouler des morceaux de viande rachetés à de gros commerçants dans les marchés locaux. Ces derniers leur vendent la viande qu'ils n'ont pas écoulée au courant de la journée et qu'ils ne peuvent pas conserver faute de chambre froide dans la ville. Ces femmes revendent à bas prix ces morceaux défraîchis appréciés des plus démunis.D'autres abattent leurs vaches, chèvres et moutons dans les quartiers et viennent les écouler le soir. L’organisation Essence forces vives, un regroupement de jeunes qui œuvrent dans la lutte contre la délinquance juvénile et l’insécurité à Bukavu, alertée par de nombreuses disparitions de chiens dans la ville, vient aussi de dénicher trois abattoirs clandestins de chiens au quartier Essence, dans la commune de Kadutu. Christian Wa Nduma, coordonnateur de ce mouvement, affirme que "depuis décembre 2011, plus de 30 chiens ont été abattus dans ces abattoirs. Ces chiens sont capturés par des jeunes gens un peu partout dans la ville et leurs propriétaires s’en plaignent." Des jeunes sont des consommateurs attitrés de cette viande, dont certains militaires, "la viande de chien est bonne et on obtient ces chiens gratuitement en les faisant tomber dans nos pièges, surtout la nuit", affirme l'un jeune d'eux.Pour le Dr Pius, vétérinaire, "manger cette viande, dans un milieu comme le nôtre où les chiens ne sont pas vaccinés contre la rage, fait courir d’énormes risques aux consommateurs qui peuvent même être atteints par la rage." Le pharmacien provincial, invite pour sa part, tous ceux qui détiennent des chiens à passer à leur service pour les vacciner.

 Plusieurs décès récents:Le Dr Asumani, coordonnateur provincial de l’Agriculture, pêche et élevage en province du Sud-Kivu, lance pour sa part un cri d’alarme et invite la population à ne pas consommer n’importe quelle viande pour éviter d’être contaminés. Au cours de ces trois derniers mois, sept décès ont été signalés à ses services : des gens qui avaient mangé de la viande d’un mouton et d’un cobaye morts et des chiens. "La population ne doit pas consommer la viande d’un animal décédé, sans qu’il y ait expertise vétérinaire; il est indiqué d’enterrer cette bête", précise d’un ton grave, le Dr Asumani, avant de dresser ce constat amer "fort malheureusement, la population ne l’entend pas de cette oreille". Un aveu d’impuissance… Archimède Mushagalusa, un habitant de Bukavu, l'explique : "Il est très difficile, dans les conditions de vie actuelles, de voir une famille enterrer une chèvre, même un cobaye alors qu’elle a du mal à se nourrir et plus encore à manger de la viande. La misère est très forte et il est très difficile de s’en passer.

 Priorité au prix:"Les autorités se soucient peu du bien-être de la population, il y a aucune structure de contrôle pour protéger les citoyens, fustige, Ephrem Badesi, infirmier. Nous voyons sur les marchés des viandes de toutes les couleurs, certaines avec des 'bactéries' visibles même a l`œil nu !" De la viande verte avec des larves de mouches et autres insectes tout autour. "Ces viandes occasionnent des graves complications sanitaires, dont des intoxications et autres infections alimentaires, la diarrhée, le choléra…", fait remarquer Aissi Léopold, laborantin en chef à l’Hôpital provincial de Bukavu.Mais la population, clochardisée, ne voit que le prix : un kg de viande fraîche se vend à 4500 Fc (5$), avariée à 2000 Fc (2,2$)Un étudiant d'une institution supérieure de Bukavu, rencontré à un carrefour tournant des morceaux de viande étalés sur un carton, reconnait qu`il y a des risques sanitaires à consommer de telles viandes, "mais nous n`avons pas de choix, chaque jour, nous ne mangeons que du haricot et comment voulez-vous que je me passe de si bons morceaux de viande à un tel prix ?, s`interroge-t-il. Mama Papy toute souriante avec son petit morceau de viande d'une odeur repoussante dans un sachet noir, ne se fait pas de soucis : "Nous préférons acheter ces viandes, dangereuses pour la santé ou pas, car elles coûtent moins cher. Les maladies, c`est Dieu qui nous en préserve…"


 

 

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