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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Goma:Se vendre aux "grosses mallettes" pour payer ses études

 

(Syfia Grands Lacs/Rd Congo) A Goma, pour payer leurs études, des filles, souvent mineures et sans moyens, se vendent à des hommes riches de l'âge de leur père. Une forme de prostitution risquée pour elles - violences, grossesses, mépris –, une infraction à la loi passible de sanctions pour eux.

"J’ai un vieux de la direction générale des Douanes et Accises qui finance tous mes besoins. Je ne l’aime pas parce qu’il est largement plus âgé que moi, mais je suis contrainte d’être avec lui pour pouvoir terminer mes études", confie Ruth, âgée de 17 ans, élève en 5ème année pédagogique. "Bisakoshi" (grosses mallettes d’argent), c'est ainsi que ces jeunes filles surnomment ces hommes de 45 et 60 ans à qui elles se livrent. Ce sont de grands hommes d’affaires, des responsables de grandes entreprises tant publiques que privées qui ont des moyens pour payer leurs concubines qu’ils appellent à leur tour "des petites chéries". "Que voulez-vous qu’on fasse, ajoute Micheline, amie de Ruth, nos parents ne touchent presque rien et les jeunes n’ont pas d’emploi ? Nous devons recourir aux Bisakoshi." Aujourd'hui elles sont de plus en plus nombreuses à agir ainsi, sans honte, au vu et au su de tous. Cependant, d'autres jeunes filles, même démunies, ne le ferait pour rien au monde et trouvent d'autres solutions. "Je ne peux pas vendre mon corps à un homme de même âge que mon père. Je préfère continuer avec mon petit commerce de bananes, arachides et maïs pour supporter mes frais scolaires", témoigne Mauwa, fille d’un huissier de la fonction publique et finaliste en section sociale.

 Dangers:Mais quelques soient les moyens et la volonté affichés par ces vieux pour les prendre en mariage comme secondes femmes, ces jeunes filles, majoritairement belles, refusent. Elles ne veulent que bénéficier de leur appui et une fois l’objectif atteint, elles leur tournent le dos. Elles ne veulent pas être critiquées par les parents et les jeunes car ces mariages sont mal perçus à cause de la différence d’âge et de la rivalité créée entre une jeune fille et une femme du même âge que sa mère. Mais après s’être aventurées avec des vieux, ces filles ont du mal à se marier avec des hommes jeunes car ces derniers les évitent les considérant comme maudites et cupides.Ces filles se livrent aux Bisakoshi tout en sachant qu’elles courent des risques : accrochages avec les épouses et filles légitimes de leurs concubins, grossesses non désirées. Certaines ont même été victimes de violences. "Mon amie a été amputée de ses oreilles à l’aide dune lame de rasoir par les filles de son amant. C’est pourquoi j’ai jugé bon de cesser et d'apprendre la couture pour essayer de subvenir à mes besoins", raconte Anne-Marie, âgée de 18 ans et couturière au quartier Birere. "Nous enregistrons beaucoup de cas pareils dont le plus récent est celui d’une mineure engrossée par un vieux, qui a perdu la vie après une tentative d’avortement forcé", informe le Lt Jules; OPJ au poste de la mairie de Goma.

 Des parents inquiets ou complices:Cette forme de prostitution souvent taboue inquiète les parents. Mais Thérèse Sebagenzi, chef de la Division provinciale du genre et famille au Nord Kivu, ne se fait pas d'illusions : "Nous organisons des séminaires de sensibilisation et des émissions radiophoniques pour faire face à ce problème mais la pauvreté rend notre combat inefficace. Il faut simplement améliorer les conditions sociales pour y parvenir." "Il est par ailleurs noté que certains parents pauvres encouragent ces comportements à cause de l’argent et cadeaux qu’ils reçoivent des papas qui font la course derrière leurs filles et mineures violant ainsi la loi (incitation des mineures à la débauche, Ndlr)", signale aussi Me Kasereka Clarisse, avocate et activiste des droits de l’homme. Le chef de quartier Mapendo va dans le même sens : "J’ai toujours regretté que des mamans protègent des adultes interpellés par la justice pour avoir  commis des violences envers des mineures. Cela pour des dividendes lucratifs qu’elles en tirent de la part de leurs filles. Ce sont des cas que j’enregistre souvent. "Ces filles étant, pour la plupart, mineures, cette pratique est une forme pure et simple de violence sexuelle, complète l'avocate. Nous activistes et l’Etat nous devons multiplier des efforts afin que les auteurs et co-auteurs soient réprimés avec rigueur pour la réduire sensiblement."


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