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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad: Lettre ouverte de Don Ebert adressée à l’économiste et analyste tchadien Kébir Mahamat Abdoulaye

Depuis le dimanche 26 novembre 2017, Don Ebert, cet utilisateur des réseaux sociaux que la Rédaction publie souvent ses interventions et analyses politiques, eut adressé une lettre ouverte à l’économiste et analyste tchadien Kébir Mahamat Abdoulaye. Cette lettre ouverte est aussi accessible sur l’espace Facebook de Don Ebert qui l'a signé : « Votre « compatriote » Don, depuis quelque part ».

Don Ebert:" Cher Monsieur, Kébir Mahamat Abdoulaye, je me souviens très bien de cette phrase que je vous adressais : « un jour ou l’autre, au cours de notre carrière, nous serons tous confrontés d'une manière ou d'une autre à une situation où notre rapidité et/ou lenteur de jugement pourra sauver tout comme écraser des vies ». Et je crois qu’en vous suivant il y a quelque temps, comme beaucoup d’autres compatriotes d’ailleurs, parce que je voyais en vous une volonté de changement, je me suis trompé. Pourquoi ? Parce que vous piégez la jeunesse tchadienne, cette jeunesse assoiffée de changement. Pourquoi ? Parce que de deux choses l’une : soit vous êtes un « fabriqué » du système de Monsieur Deby-le, et dans ce cas vous faites du vélo, de l'élastique, soit vous ne l’êtes pas mais vous ne luttez pas non plus contre lui (système). Du « parasitisme et du clientélisme politiques » !

Je crois que vous vous servirez de cette jeunesse pour gagner une échéance électorale et vous l’oublierez juste après, comme ce système en place…Oui, parce que faire ce qui est nécessaire pour le pays, son pays, ne rend pas forcément fier de soi. Parfois, avant de chercher à sauver son pays, il faut d’abord chercher à se sauver soi-même. Sauvez-vous de cette crise de la pensée qui vous taraude depuis quelque temps !Libérez-vous de ces œillères qui vous empêchent de voir la réalité en face ! Débarrassez-vous de cette « admiration » qui, on le sait, conduit les historiens à l’erreur et les femmes à l’amour. Je vois déjà la tête et ce triste aveu que vous faites : je ne comprends pas ce jargon. Non, vous ne pouvez pas le comprendre. Quand on a un serpent dans sa cuisine, cher grand frère, on ne l’invite pas à venir dîner, on cherche à le capturer et à lui couper la tête. Ça va ? Dès l’instant où nous cessons de nous battre pour les autres, nous nous mettons à perdre ce que nous avons d’humain en nous…

Cher Monsieur Kébir Mahamat Abdoulaye, chacun d’entre nous a deux formes de conscience en lui : la conscience morale et la conscience intellectuelle. Et si nous voulons faire le bien (ce que vous prétendez faire) et que nous utilisons les mauvais moyens (ce que vous ignorez) pour y arriver, nous ferons le mal. Qui d’autre que les « services secrets américains » détient les vrais renseignements sur le terrorisme et les vraies statistiques sur la corruption et/ou les détournements des deniers publics dans le monde ? Qui d'autre que les "américains" pourrait mieux connaitre le poids des transactions économiques et/ou financières à travers le monde ? Un exemple ? Je ne dis en aucun cas que les américains ont toujours dit la vérité, non. Mais sur cette affaire de corruption impliquant Monsieur Deby-le, quand même… Avez-vous vraiment lu le rapport qui le met (littéralement) en cause ? Qui vous a dit qu’on avait visé le « Tchad » ou les « Tchadiens » ? Qui vous a dit que « la défense de son pays » se confondait avec « la défense d’un système autoritaire » ou « la défense d’une dictature sans passion » ? Qui vous a dit que dénoncer les faiblesses du système en place ne correspondait pas à ce chapeau de « patriote » que vous prétendez porter ? Vous soutenez donc (directement ou indirectement) Monsieur Deby-le ? Puisque c'est lui qui est visé. Vous ne songez même pas à inciter (objectivement) de contre-enquêtes (des autorités tchadiennes) afin de rétablir la vérité ? Sachez simplement que « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup » (Martine Aubry) …C’est votre droit le plus absolu de soutenir celui que vous croyez être innocent ou ce que vous croyez vrai, oui, mais d’où vient que vous vous perdiez aussi facilement dans les repères qui étaient les vôtres, et dans les valeurs que vous défendiez ?

D’où vient que vous soyez aussi insensible aux critiques, insensible aux sifflets, insensible aux attaques, insensible à la corruption qui gangrène notre pays depuis des décennies, insensible aux cris des millions de vos compatriotes, insensible aux pleures des enfants, insensible aux profondes causes de cette crise économique et/ou financière qui nous ronge ? D’où vient que vous soyez aussi insensible aux blocages et contraintes qui brident notre pays ? Qu’il y ait frein à l’embauche, frein au développement de l’entrepreneuriat, blocage des réformes indispensables, blocage du dialogue social inclusif, frein à l’épanouissement de la jeunesse, frein à l’éducation, cela vous importe peu, mais vraiment très peu. D’où vient que vous soyez tombé aussi bas ? Où sont parties la cohérence et la constance de vos idées et de vos valeurs ? D’où vient que vous soyez aussi perdu de savoir ?

Madame Hinda est corrompue mais Monsieur Deby-le ne l'est pas, c’est finalement ce que vous êtes et faites ? « L’art de la politique, dire des choses et ne pas les faire ou faire des choses et ne pas les dire » (Droopy)…Pour moi, et comme pour beaucoup de ces frères et sœurs qui découvrent enfin votre vrai visage, vous ne correspondez plus à la définition de l’homme politique. Vous correspondez mieux à celle du politicien qui, parce que craignant de perdre ses relations soudées au système et sa carrière, est prêt à faire du vélo, de l’élastique, prêt à se dissimuler dans le silence et dans la parole, prêt à détourner et à manipuler les consciences collectives. Vous agissez donc par « loyalisme », non pas par « loyauté ». Vous agissez selon des « circonstances », non pas par « constance ». Vous avez des « ambitions politiques », non pas des « convictions politiques ». Vous confondez « légalité et illégalité », « légitimité et illégitimité », « obéissance » et « résistance », « démocratie et dictature », « régime politique et système politique », « opposition dans le système » et « opposition au système », « Etat » et « désétatisation de l’Etat », « République » et « monarchisation de la République ». Vous confondez tout. Jusqu’à croire que « La démocratie, c’est la moitié des cons plus un » (Philippe Bouvard) …Je pense qu’il vous faut simplement faire une pause, prendre du recul. Vous n’êtes pas obligé de vous prononcer sur tous les sujets d'actualité, non. Prenez du recul pour lire, lire encore et toujours, surtout des livres de grammaire. Prenez du recul pour analyser votre (court) parcourt politique. Pour en tirer des leçons. Pour mesurer la vanité de certains de vos sentiments, de certaines de vos postures. Pour échanger avec tous les citoyens tchadiens (c’est possible). Pour chercher à comprendre leurs émotions, leurs peurs, leurs doutes, leurs déceptions, leurs espoirs.

Pour mesurer le désarroi, le rejet, la colère des uns et des autres à l’endroit du politique, du pouvoir. Pour identifier toutes les intelligences que nous avons, toutes les énergies, toutes les bonnes volontés. C’est aussi et surtout cela être un homme politique. Un homme ne sait pas tout, il n'a pas réponse à tout et il ne peut pas tout. Un homme politique, ce n’est pas une courbe droite, c’est une ligne droite, c’est un chemin, un engagement, une vision, une cohérence, une constance, une clairvoyance, un projet de société construit, c’est le rapport au temps dans la gouvernance, c’est la capacité à prendre des risques…Alors arrêtez de pleurnicher et de marteler que tous ceux qui ne partagent pas votre opinion sur cette affaire de corruption (en cours) ne sont pas des « patriotes ». Vous ne savez même pas ce que c’est que d’être un « patriote ».

 Vous savez mieux que quiconque les raisons qui font que vos compatriotes se réfugient à l'étranger. Ah bon, vous l'ignorez ? Arrêtez de vous en prendre aux étudiants, surtout à ceux qui sont à l’étranger et de vouloir leur coller une certaine étiquette. Ne faites pas comme s’ils étaient sans parents ou sans soutien. C’est un détail qui n’élève pas le débat, qui ne vous élève pas, vous qui avez étudié à l’étranger. Du coup vous niez même la puissance de Facebook, vous qui avez fait de ce réseau l’espace de démarrage de votre première expérience politique ? Vous niez aussi une bonne partie de votre programme concernant les étudiants tchadiens vivant à l’étranger ? Vous rejetez les 90% de vos compatriotes (étudiants vivant à l’étranger) qui vous soutenaient il y a peu, c’est cela ? Vous n’avez donc que 10% d’amis qui vous soutiennent actuellement sur Facebook ? En à peine deux ans de chemin, vous renoncez à tout, et même à vos propres engagements. C’est à la fois triste et écœurant ! Le changement au Tchad ? Vous ne le voulez pas, et vos compatriotes qui vous lisent en tireront leur propre conclusion…Votre « compatriote » Don, depuis quelque part."

Choix de la Rédaction

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