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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad (suite page ci-dessous) : « Il faut relever que le Tchad est un pays rempli d’absurdité » Oueikonga Guelmine Kemdah

Figure montante de la politique tchadienne et panafricaniste convaincu, monsieur Oueikonga Guelmine Kemdah préside à la destinée du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie au Tchad (MANID-Tchad), jeune parti politique. Il fait preuve de franchise et de courage au milieu d’une classe politique truffée d’opportunistes et d’imposteurs. Il n’est pas tendre avec le pouvoir et n’hésite pas à dénoncer les maux qui empêchent le pays de se développer. Son opposition radicale lui vaut souvent des ennuis. Toujours disponible, il ne s’est pas dérobé en profitant de la tribune qui lui est offerte pour s’expliquer, clarifier et défendre les idéaux de son parti. Son parcours personnel, le panafricanisme, le Fcfa, la crise socioéconomique, les réformes institutionnelles en cours, les conflits interethniques, les entraves aux libertés, la mauvaise gouvernance, tels sont entre autres les points abordés sans langue de bois par le président de MANID-Tchad.

Regards d’Africains de France : Voudriez-vous brièvement vous présenter pour nos lecteurs ?

Oueikonga Guelmine Kemdah : Par cette occasion que vous m’offrez, je voudrais tout d’abord remercier l’équipe du journal numérique « Regards d’Africains de France » qui, à ma compréhension, cerne bien les problèmes de l’Afrique en général et en particulier ceux de mon pays qui, décidément, tient la queue de peloton en matière de Démocratie en Afrique noire francophone. Ceci permettra à mes compatriotes et à mes autres frères Africains de l’intérieur et de la diaspora de se joindre à nous pour le combat ultime que nous menons pour sortir l’Afrique de l’ornière. Ensuite, comme vous m’aviez demandé de me présenter, je suis monsieur Oueikonga Guelmine Kemdah , c’est mon nom d’état civil. En effet, j’ai commencé mes études primaires de 1990-1996 dans mon village natal de Koumbou/Béré/Tandjilé Centre. Ayant obtenu le concours d’entrer en 6e, je suis allé finir le premier cycle de 1996-2000 au collège de BERE, une sous-préfecture à l’époque, dans la Tandjilé. Le second cycle, je l’ai passé avec beaucoup de succès de 2000-2004 respectivement à Moundou au Lycée Adoum Dallah , à N’Djamena au Lycée Félix Eboué et j’ai obtenu mon baccalauréat série au Lycée Moderne de Kelo en 2004. Après le bac, j’ai été retenu en Mathématiques pures à la Faculté des Sciences Exactes et Appliquées de Farcha (Université de N’Djaména). L’élasticité des années académiques ne m’a permis de finir mes études dans cette Faculté. C’est ainsi que j’avais passé, en 2007, le concours d’entrer à l’Ecole Supérieure des Sciences Exactes et Appliquées de Bongor (ESSEAB) avec succès.

Je suis sorti de cette école professionnelle nanti d’un Certificat d’Aptitude au Professorat, option Mathématiques-Informatique (MI) avec la mention Assez-bien. Après quatre ans sans être recruté à la Fonction Publique, je suis allé travailler une année scolaire comme enseignant missionnaire dans le cadre religieux au Lycée ‘’Béthanie’’ de Bobo Dioulasso au Burkina Faso. De retour au pays, j’étais élu président de l’association des diplômés sans emploi. Et, après une lutte très âpre avec le Ministère de la fonction publique et de l’Emploi, puis celui de l’éducation, nous étions intégrés la même année en 2014. Entretemps, le Dossier de mon parti le MANID-Tchad était en circuit. Ayant été président des étudiants à l’ESSEAB et président de l’Association des diplômés sans emploi, j’ai pu fédérer les étudiants et les diplômés sans emploi autour du MANID-Tchad. Plusieurs fois, Responsable en charge des Lycées et Collèges de la capitale et des provinces, je suis actuellement marié, sans enfants mais avec beaucoup de nièces et neveux en charge. Par ailleurs, Il est important de souligner ici, en terme de reconnaissance, que le virus de la politique m’a contaminé depuis les premières élections de 1996 où on partait distribuer les spécimens dans les villages environnants avec mon papa  Maurice Digra Kemdah IGRA, qui fut à l’époque, encadreur de l’Office National de Développement Rural (ONDR) afin d’amener les villageois à voter majoritairement pour le VIVA-RNDP, parti politique de mon Mentor Docteur Nourredine Delwa Kassiré Coumakoye, Docteur en sciences politiques, constitutionnaliste et politologue chevronné. C’est donc au sein de son parti, le VIVA-RNDP que j’ai été allaité politiquement. Voilà en quelques mots le background du Président du parti MANID-Tchad.

Il existe une pléthore de partis politiques au Tchad. En quoi votre formation politique, le Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie au Tchad n’est-il pas, qu’une aventure politique, comme tant d’autres partis dans votre pays ?

(Rire). Aviez-vous déjà posé cette question à Emmanuel Macron lorsqu’il posait sa candidature aux élections présidentielles françaises concernant au nom de sa formation « la République en Marche » ? Bien que nouvellement crée, le Mouvement «la République en Marche » a gagné par la suite. Il est tout aussi vrai que, comparaison n’est pas raison, mais en tant que croyant, je vois notre victoire panafricaniste se dessiner et nous jeunes comme Macron, gardons foi en l’avenir, malgré les vicissitudes de la vie politique que nous impose le pouvoir en place ainsi que les dures épreuves démocratiques et les multiples difficultés dont financières que nous traversons depuis les 27ans de règne autocratique du président Deby .Certes, il existe environ deux cents partis politiques au Tchad, voir même plus, mais ce qui importe vraiment, c’est l’idéologie, la vision du développement du Tchad et de l’Afrique et notre programme politique que nous défendons avec véhémence et abnégation. Pour cela, Nous avons intérêt à dévoiler, expliquer et à sensibiliser nos concitoyens sur le bienfondé de notre Mouvement et de manière très concise afin qu’ils adhérent, qu’ils épousent notre vision politique. En effet : notre formation politique incarne la vision des « Panafricanistes originels » tels que N’Kwame Kruma, Ahmat Sékou Touré,Mouhammar Al-Khadafi et plus particulièrement le Capitaine Thomas Sankara dont je déplore, très profondément, sa disparition tragique. Disparition orchestrée par les ennemis de l’Unité Africaine pour empêcher le développement de l’Afrique. En plus, je voudrais vous dire que nous nous battons pour convaincre les Tchadiens à épouser notre vision salvatrice pour une Afrique libre et prospère. Donc, le MANID-Tchad de par sa vocation panafricaniste n’est pas de trop. J’ai la ferme conviction que nous surprendrons les autres formations politiques de la même manière    comme le président Macron l’a fait en France.

De par la dénomination de votre parti politique, vous défendez le panafricanisme. Quel sens lui donneriez-vous pour amener le Tchadien lambda à comprendre votre combat et s’y joindre à vous ?

D’abord, il faut reconnaitre que le Panafricanisme est né au sein des communautés africaines déportées en esclavage dans les Amérique dont les précurseurs et initiateurs furent : Garvey, Dubois et bien d’autres noirs africains de la diaspora. C’est un mouvement politique et culturel qui prône, véhicule les concepts philosophiques africains, donne de la valeur à la culture nègre tout en défendant les vertus des civilisations africaines aux Africains et aux descendants d’Africains hors d’Afrique comme un seul ensemble visant à redonner le souffle nouveau aux Africains et à unifier l’Afrique tout en encourageant un sentiment de solidarité entre les populations africaines d’Afrique et de la diaspora. A cet effet, au Tchad, nous avons catégorisé les messages de sensibilisation par groupes cibles : Le premier groupe est celui des intellectuels qui comprennent et analysent pourquoi l’unité de l’Afrique et pourquoi le panafricanisme. Ce groupe épouse facilement cette vision pour réclamer la réelle indépendance politique et économique de notre pays ; Le second groupe est constitué des paysans qui n’ont pas cette faculté d’analyser les choses comme le premier. On leur donne le message concernant l’inégalité dans la distribution des biens, l’accaparement égoïste et abusif des richesses par les régimes totalitaires au profit des impérialistes par le truchement de leurs lèches-bottes. Le troisième groupe est constitué des jeunes que nous sensibilisons sur les causes profondes de l’exode rural de leurs frères tchadiens et africains candidats à l’exode rural et continental, sur les dépossessions ou l’expropriation des terres par les tenants du pouvoir au Tchad, la prise en otage des agriculteurs par les « Eleveurs-colonels » qui sont des sbires du pouvoirs, etc. Dans le même sillage, nous formons les jeunes à s’approprier de l’Afrique et à s’intéresser à la gestion de la chose publique par l’éducation à la citoyenneté responsable. Voilà en bref, comment nous sensibilisons et formons nos compatriotes.

L’effervescence autour de la question du Fcfa suffit-elle pour fédérer un mouvement panafricaniste encore peu ou mal diffusé dans les sociétés africaines aujourd’hui ?

 Comme je le disais, le panafricanisme est à la fois une vision sociale, culturelle et politique d’émancipation des Africains et un mouvement qui vise à unifier les Africains du continent et de la diaspora africaine en une communauté unitaire. Si aujourd’hui l’Afrique est considérée par nos colonisateurs comme un cimetière de misère, il va falloir en chercher les causes profondes. Nul n’est sans ignorer que le nerf de la guerre dans le monde demeure l’argent. Ainsi, pour prôner l’indépendance réelle de l’Afrique, il faut envisager tout d’abord son indépendance au plan politique et économique. De ce fait, si notre monnaie est gérée par la France métropolitaine, cela veut dire qu’il y a problème et il faut tout faire pour que la gouvernance de cette monnaie nous revienne logiquement de droit. Ecoutez ! Si vous avez un serviteur qui vous a servi depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte et que vous aviez décidé de lui donner une femme et le rendre libre ; alors aviez-vous besoin de lui dire que c’est vous qui allez gérer son grenier ? C’est là le problème de notre chère Afrique qui peine à se lever. Ainsi, de notre mouvement, nous avions mis sur pieds une coordination dénommée Coordination Tchadienne de Lutte Contre le Fcfa (CTLC-FCFA) pour soutenir la lutte que mon compatriote africain Kemi Seba mène avec beaucoup d’énergie pour libérer l’Afrique du néocolonialisme et de l’impérialisme persistant. Ainsi, nous pensons que l’effervescence autour du Fcfa est aussi l’un des points forts pour fédérer tous les Africains de l’intérieur et de l’extérieur autour du panafricanisme, qui somme toute, reste le créneau principal et donc le plus avantageux et plus salvateur pour sortir l’Afrique des colonies françaises de l’ornière

Existe-t-il une adéquation entre votre engagement panafricaniste et les réalités tchadiennes du moment défendues par votre parti ?

Les problèmes du sous-développement du Tchad sont les mêmes que ceux des autres pays d’Afrique noire francophone. Les réalités vécues au quotidien sont aussi les mêmes dans toutes les anciennes colonies françaises d’Afrique. De ce fait, l’adéquation est donc très évidente, à moins que vous m’en démontriez le contraire.

Comment expliquez-vous la léthargie dans laquelle sont plongés les partis dits de l’opposition face à la descente aux enfers du pays ?

De notre point de vue, nous ne pouvons pas parler de la léthargie des partis politiques de l’opposition face à la situation que traverse notre pays. Le vrai problème, c’est l’absence de la Démocratie qui empêche les diverses opinions de s’exprimer. Après les élections présidentielles du 10 avril 2016 où Idriss Deby s’était autoproclamé président de la République par la fraude massive, sous le nez de la communauté internationale, une frange de l’opposition avait lancé un appel à la marche pacifique le 07 Aout pour dire non à l’investiture du dictateur tchadien bien formée à l’école de Hissein Habré, c’est   ainsi que l’éternel Ministre de la Sécurité a interdit strictement cette marche pourtant autorisée par la constitution. Mais nous avions bravé l’interdiction pour marcher effectivement et la police politique de Deby m’a arrêté, bastonné à coup de matraques et de cross et jeté dans le véhicule comme un sac de mil. J’avais passé presqu’une semaine en prison avant d’être libéré. Alors cela ne montre-t-il pas l’engagement de l’opposition face à un régime cynique et sadique, mais soutenu des mains de fer par l’Occident sous prétexte de la géostratégie internationale sécuritaire face aux recrudescences des mouvements Djihadistes ? Alors, face à ces soutiens sans faille de ces impérialistes occidentaux aux pouvoirs dictatoriaux installés par ces mêmes néocolonialistes, la tâche des partis de l’opposition démocratique tchadienne ne saurait être aisée. Avez-vous, vous nos frères de France, de solutions ou des recettes inédites à nous proposer ? A l’heure actuelle, la liberté d’opinion et de manifestation sont prohibées au Tchad, sauf, pour les mouvements soutenant le parti au pouvoir. L’ANS s’infiltre partout, arrête, torture et menace tous ceux qui se prononcent sur la situation catastrophique du pays. Etant donné que ce ne sont pas tous les chefs des partis politiques de l’opposition qui sont des opposants, il y a lieu de tirer chapeau à tous ces vrais opposants-là qui, malgré les pressions faites par le régime, continuent par dénoncer la maltraitance inique du peuple par le régime MPS. C’est d’ailleurs ce que je fais actuellement quel que soit le prix à payer.

Les regroupements des partis politiques servent-ils vraiment à quelque chose ?

De notre point de vue, les regroupements des partis politiques constituent un groupe de pression pour faire fléchir parfois le pouvoir face aux dérives répétées donc très importants. N’a-t-on pas coutume de dire que l’union fait la force Cependant, il faut relever que certains regroupements sont montés de toute pièce par le pouvoir pour infiltrer la vraie opposition démocratique, acquis à sa cause pour nous déstabiliser. Je voudrais vous signaler au passage que le MANID-Tchad est membre d’un regroupement dénommé Coalition de l’Opposition politique pour le Redressement et l’Alternance au Tchad (COPRAT) dont je suis le Rapporteur Mon souhait est que tous les regroupements politiques de l’opposition démocratique s’accordent réellement pour mener des actions de grandes envergures pour mettre fin à un régime dictatorial et à la souffrance du peuple tchadien.

Peu de voix se lèvent pour dénoncer les entraves répétées contre les libertés de presse, de manifestation syndicale pourtant garanties par la constitution. L’opposition a-t-elle déjà été abdiquée devant un pouvoir répressif et cynique ? Sinon quelles sont les stratégies possibles pour contraindre le pouvoir à respecter la loi fondamentale du pays ?

Tout d’abord, il faut relever que le Tchad est un pays rempli d’absurdité. On se cache derrière le terrorisme pour enraciner une dictature née depuis le jour même de la journée dite de Démocratie. Les journalistes, les opposants, les activistes, les blogueurs ont été et continuent à être incarcérés et les manifestations violemment réprimées. Tout ce qui n’est du pouvoir est en danger. L’exemple récent illustrant ces faits est la manifestation du mouvement de la société civile « Touche pas à mes acquis » contre les Etats-Unis, permise par le Ministère de la Sécurité Publique. La question à ce niveau est de savoir si les terroristes ne pourraient qu’infiltrer les rangs de mouvements de manifestation d’opposition ? Le président Deby par l’intermédiaire de son « GESTAPO » ANS se livre à des intimidations quotidiennes mais il doit s’inspirer de ce qui s’était passé au Burkina Faso et au Zimbabwe. Si les Tchadiens ne veulent pas se livrer pour le moment à des manifestations violentes, c’est parce que le pays a connu plusieurs années d’instabilité et des affres de toute nature et donc personne ne souhaite encore revivre ces années de cauchemar. Mais si Deby continue sur cet élan, le peuple n’aura pas d’autres choix que de prendre en mains son destin comme les autres peuples l’ont fait pour se libérer de certaines dictatures. Etant donné que l’Assemblée Nationale actuelle n’est pas légale, la seule manière de faire respecter la loi fondamentale du pays resterait l’unique voix qui est le soulèvement populaire gigantesque.

Propos recueillis par Moussa T. Yowanga

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