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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

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 Zimbabwe : Le nouveau gouvernement dominé par l'armée et la vieille garde de la Zanu-PF

Le nouveau chef de l'Etat zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a dévoilé son gouvernement, où il a recyclé la vieille garde au pouvoir depuis 1980 et confié des postes clés à des militaires qui ont joué un rôle clé dans son accession à la présidence, rapporte l’AFP dans sa parution du vendredi 1er décembre. Aucun membre de l'opposition ne figure dans le premier gouvernement Mnangagwa, ancien bras droit de Robert Mugabe, qui a démissionné de la présidence le 21 novembre sous la pression de l'armée, de la rue et de son parti, la Zanu-PF. Des militaires de haut rang, ainsi que le chef des anciens combattants, se sont vu remercier pour leurs bons et loyaux services envers le nouveau président. Le général Sibusiso Moyo, qui avait annoncé en plein nuit mi-novembre à la télévision le coup de force militaire, s'est vu confier l'un des postes les plus prestigieux au sein du gouvernement, celui des Affaires étrangères. Le général Perence Shiri, chef de l'armée de l'air, a hérité du portefeuille de l'Agriculture.

 

Un ministère clé dans un pays à l'économie en ruines. Quant au chef de l'association des anciens combattants, Chris Mutsvangwa, qui avait mobilisé la population contre le régime Mugabe, il a décroché le stratégique ministère de l'Information. Le président Mnangagwa a aussi rappelé plusieurs anciens ministres de Robert Mugabe. Patrick Chinamasa retrouve le ministère des Finances qu'il avait perdu en octobre lors d'un remaniement. Obert Mpofu conserve lui le ministère de l'Intérieur, et Kembo Mohadi celui de la Sécurité. L’annonce du nouveau gouvernement a douché les espoirs de changement de la population, après trente-sept ans de régime Mugabe. « Il n'y a rien de nouveau dans ce gouvernement. Les ministres qui avaient échoué ont été renommés, c'est triste », a réagi Tererai Moyo, un fleuriste de 37 ans à Harare. « On pensait avoir un nouveau Zimbabwe après la chute de Mugabe, mais il semble qu'il n'y a rien de nouveau », a-t-il regretté dépité. « C'est juste du recyclage de vieux bois », a résumé Bhekumusa Moyo, un habitant de Bulawayo (sud-ouest), la deuxième ville du pays.

 

Si le président Mnangagwa a conservé dans son gouvernement la vieille garde de la Zanu-PF, il a toutefois pris soin de se débarrasser de la faction rivale au sein du parti qui soutenait l'épouse de Robert Mugabe. Grace Mugabe, qui ambitionnait de remplacer son mari âgé de 93 ans, était devenue un frein dans l'ascension d'Emmerson Mnangagwa, au point de provoquer l'intervention de l'armée mi-novembre. Le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a accueilli sans surprise le nouveau gouvernement. « C'est comme si on retournait une pièce de monnaie ou si on mettait du vin nouveau dans de vieilles bouteilles », a estimé le porte-parole du parti Obert Gutu, interrogé par l'AFP. « C'est plus ou moins la même chose. (...)

La plupart des personnes dans ce gouvernement n'arrivent pas avec des nouvelles idées pour relancer une économie comateuse », a-t-il ajouté. Le nouveau gouvernement, dominé par le parti Zanu-PF, au pouvoir depuis 1980, « ne reflète pas le sentiment exprimé lors de l'inauguration » d'Emmerson Mnangagwa le 24 novembre « vers l'inclusivité », a constaté Piers Pigou, analyste pour International Crisis Group (ICG). L'opposition s'était pourtant mobilisée pour faire tomber Robert Mugabe, âgé de 93 ans : elle était descendue dans la rue et avait prévu de voter la motion de destitution du président, pendant les quinze jours qui ont finalement abouti à la démission du plus vieux chef de l'Etat au monde.

 

La nomination de militaires est également « profondément choquante », a relevé Piers Pigou, rappelant que le général Moyo était en plus cité dans un rapport de l'ONU sur le pillage des ressources de la République démocratique du Congo (RDC).Tous ces « indicateurs négatifs » vont refroidir les investisseurs, a-t-il prédit, alors que le Zimbabwe, englué depuis une décennie dans une grave crise économique, a cruellement besoin de capitaux frais. En l'absence de jeunes et de l'opposition dans le gouvernement, « ceux qui ont naïvement pensé qu'une révolution avait eu lieu seront déçus », a estimé Hasnain Malik de l'agence londonienne Exotix Capital. « C'est la fin de la lune de miel, a conclu Abel Esterhuyse, professeur à l'université sud-africaine de Stellenbosch. C'était une lune de miel très courte ».

 

Eric Mocnga Topona, correspondant spécial à Bonn en Allemagne

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