Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Sans rancune : « Le Tchad est un des rares pays au monde où les profanes et les commerçants ainsi que certains ONG introduisent des produits sans passer par un circuit réglementé. Le circuit du médicament échappe à tout contrôle. Il n'y pas une autorité du médicament ni une police », révèle Dr Djiddi Ali Sougoudi.

Ce Coup de Badangaï 524 mis en ligne dimanche 09 décembre 2018 semble être particulièrement dense et rempli d’informations que beaucoup de nos lecteurs, notamment des Tchadiens pourraient ignorer. «Une flambée de rougeole dans la capitale en cette fin de semaine ? », en est le titre. Mais en réalité, Dr Djiddi Ali Sougoudi tient à dénoncer des multiples malversations financières et matérielles organisées dans ce secteur de santé publique par des groupes de personnes ou un lobbying (lobby) où toutes les actions surtout malveillantes,  lui semble toujours possible ou à sa portée. Dr Djiddi Ali Sougoudi s’exprime ici en tant que fin connaisseur du sujet et citoyen bien informé de ce qu’il raconte dans son Coup de Badangaï 524 : « Une vaste campagne de vaccination est en cours au Tchad. C'est au même moment que L'HME (Hôpital Mère-Enfant) aurait enregistré plusieurs cas de rougeole en cette fin de semaine. Une situation préoccupante qui nous interpelle tous et pour laquelle toute la vérité doit être dite. En dépit de la campagne de vaccination de masse, la redoutable rougeole montre son museau hideux et se révèle comme un défi capital. Il y a lieu de se poser la question sur l'efficacité des vaccins et surtout sur la chaîne de froid qui accompagne cette campagne. Il est de notoriété publique que la chaîne du froid pour la conservation des vaccins et d'autres produits pharmaceutiques reste un challenge jamais relevé dans notre pays le Tchad. Il en va aussi du contrôle-qualité des produits qui entrent au Tchad, qu'elle que soit sa provenance et qui que soit le bailleur. Certains médicaments disponibles au Tchad, couramment utilisés, ne sont jamais contrôlés, faute d'expertise de laboratoire de contrôle-qualité. Il en est ainsi du fameux Artemether vendu dans nos officines et administré à tout patient fiévreux, sans respect des normes nationales. Le Tchad est un des rares pays au monde où les profanes et les commerçants ainsi que certains ONG introduisent des produits sans passer par un circuit réglementé. Le circuit du médicament échappe à tout contrôle. Il n'y pas une autorité du médicament ni une police. Et pourtant à cause de cette situation de vente des médicaments dans les rues, plus de 100.000 personnes meurent en Afrique. Une vraie hécatombe dans une Afrique en anarchie totale pour un marché de médicaments très lucratif, générant des milliards et derrière lequel sont tapis tous les pègres et véreux. Revenons à la rougeole, je propose un contrôle-qualité des lots de vaccins déjà disponibles au pays car très souvent ces produits très fragiles sont dénaturés à cause de nos conditions de stockage et de manipulation. Et c'est une urgence. Par ailleurs, toute campagne de vaccination doit être suivie et évaluée afin de prévenir tout échappement et événement incompatible avec le but recherché ».

«Dans notre contexte », enchaîne-t-il avec des exemples à l’appui: « Il cloche quelque chose à comprendre avec cette intrusion foudroyante de rougeole dans la capitale. Le vaccin anti-rougeoleux est très fragile et nécessite une chaîne de froid rigoureux. La vaccination n'étant pas la seule panacée contre la terrible rougeole, il faut circonscrire cette flambée en isolant les cas dans des structures dédiées (la rougeole est un virus très contagieux) et prévenir les redoutables complications à type de cécité, de surdité mais aussi de malnutrition. Lors de la présentation de ma thèse de doctorat sur la « Surdité et scolarité au Tchad » en 2008, plus de 30% des enfants sourds tchadiens ont acquis ce handicap neurosensoriel à cause de la rougeole. Plus de 50% de surdité au Tchad sont dues à des causes acquises et donc évitables dont la méningite, la rougeole et les otites. « La rougeole est le grand boulevard qui mène à la malnutrition » nous ont enseignés nos grands maîtres d'infectiologie. Un enfant foudroyé par la rougeole ne peut s'alimenter et renoué avec la malnutrition. Les kératites et les conjonctivites post-rougeoleuses sont une grande cause de cécité. Quoi de plus désolant que de voir des enfants devenir aveugles ou sourds par une maladie évitable par la vaccination? Que l'allégresse de faire une campagne de vaccination n'occulte pas les autres mesures de confinement des rougeoleux et de protection des milieux scolaires. Il faut aussi renforcer les moyens et les méthodes de prise en charge afin d'anticiper sur les complications suscitées. Les médias publics sont vivement interpellés pour sensibiliser la population sur cette maladie aux conséquences parfois dramatiques dont la cécité et la surdité ainsi que la mort ».

Ahmat Zéïdane Bichara

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article