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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Interview : « De manière générale, nous sommes des sociétés de céréaliculteurs au Tchad mais par le passé déjà l’expérience a montré qu’après l’introduction de la culture du manioc par l’administration coloniale en 1930, elle s’est très vite répandue », lance le Tchadien Dr Djinodji Reoungal

Après quelques années de dur labeur, au sein de laboratoire «LISST-Equipe Dynamique Rurale» de l’école doctorale «Temps, Espaces, Sociétés et Cultures» de l’université de Toulouse Jean Jaurès, le doctorant Djinodji Reoungal a brillamment soutenu et obtenu sa thèse de doctorat le mardi 18 décembre 2018. Axé sur la culture du manioc au Tchad, en particulier sur les aspects socio-économiques dans le contexte d’un projet de recherche-développement, le sujet de thèse est en parfaite adéquation avec les défis auxquels le Tchad est confronté en matière de l’insécurité alimentaire persistante. Dr Djinodji Reoungal nous livre ses impressions au lendemain de la soutenance de sa thèse.

 

Voudriez-vous brièvement vous présenter à notre lectorat ?

 

Dr Djinodji Reoungal: Je vous remercie de me donner cette opportunité pour présenter les résultats de ces travaux. Alors je m’appelle Djinodji Reoungal, de formation ingénieur-agronome. Je suis chercheur à l’Institut Tchadien de Recherche Agronomique pour le développement (ITRAD) à la station de Bébidja dans le sud du pays.

 

Quelles sont vos impressions au lendemain de votre soutenance de thèse de doctorat ?

C’est un sentiment de satisfaction et de soulagement aussi parce que la thèse je l’avais entreprise depuis 2012. En principe, je l’aurais fini en 2015, au maximum  en 2016 mais à partir de 2014, il y a eu une rupture de financement, donc il a fallu se bagarrer, chercher par ci par là des moyens, puis avec la contribution de mon institution et aussi de mon école doctorale, Dieu merci,  j’ai pu venir en 2018 pour un dernier séjour pour finaliser les travaux et puis soutenir. C’est donc vraiment un sentiment de soulagement parce que je craignais fort de ne pas pouvoir arriver à la fin  de cette thèse.

 

En parlant de votre thèse, sur quoi avez-vous travaillé et pourquoi ?

 

J’ai travaillé sur le manioc et notamment sur les aspects socio-économiques dans le contexte d’un projet de recherche-développement. On sait que le manioc a permis, dans beaucoup de pays africains, de trouver de solutions, d’assouplir un peu le problème d’insécurité alimentaire dans ces pays. Les pays de la zone Communauté Economique Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) ont impulsé une nouvelle dynamique à la culture du manioc pour permettre d’accroitre la productivité de la culture et de permettre aux producteurs de s’insérer dans le marché par la transformation des racines de manioc en produits dérivés à haute valeur ajoutée et destinés essentiellement au milieu urbain. L’exemple des autres pays comme le Nigeria et le Ghana a montré qu’en ciblant la clientèle urbaine qu’on créée une plus forte valeur ajoutée et par voie de conséquence, on permet également aux petits producteurs d’avoir leur compte dans la culture du manioc. J’ai fait donc cette étude dans la zone soudanienne du Tchad en prenant comme zone d’étude des villages dans la Tandjilé et le Logone oriental à cause de l’importance du manioc dans cette partie de ces deux régions précitées parce que par le passé il y a eu déjà des initiatives qui ont permis au début des années 2000 d’impulser une nouvelle dynamique de la culture du manioc dans ces régions.

 

Au Tchad, les céréales supplantent de loin le manioc comme aliments de base. Etes-vous optimiste de voir la culture du manioc se développer convenablement au Tchad ?

 

De manière générale, nous sommes des sociétés de céréaliculteurs au Tchad mais par le passé déjà l’expérience a montré qu’après l’introduction de la culture du manioc par l’administration coloniale en 1930, elle s’est très vite répandue. D’ailleurs, elle a essayé même de freiner l’expansion du manioc dans le sud du pays parce que ça commençait à concurrencer sérieusement les céréales surtout le sorgho. Ce n’était pas du tout mauvais. Car il fallait s’inscrire dans une nouvelle dynamique comme celles de pays comme le Nigéria ou le Ghana en ciblant une clientèle urbaine parce qu’il y a des produits dérivés qui s’adaptent plutôt beaucoup plus à des consommations en milieu urbain. Car maintenant, les gens n’ont pas beaucoup de temps. Vous prenez par exemple le cas de l’«Atchéké» en Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Nigéria qui est devenu l’exemple de consommation par excellence en milieu estudiantin. Ce sont donc de genres de produits dérivés facile à préparer en ville. C’est plutôt ce genre de clientèle qu’il faut cibler. Même au Cameroun voisin du Tchad, vous voyez les produits dérivés du manioc, appelés généralement le «yondo» qui accompagne le poisson ou la viande grillée. Ça commence déjà à être consommés de manière assez importante dans les petits cafés de N’Djaména. Pourtant cela vient de loin, du sud du Cameroun jusqu’à N’Djaména. En réalité, le potentiel existe mais il faut  amener le paysan à avoir ces types de produits dérivés et puis à cibler une clientèle urbaine. Dans le Nigéria ou le Ghana, c’est comme ça que ça s’est passé. Une fois que ça prit son envol dans les villes et que les gens se sont adaptés, le reste a suivi. Dire que les paysans ont suivi, bien entendu, pour que ça démarre aussi tôt, il faudrait qu’il y ait tout un environnement macro économique favorable, ce qui veut dire une politique agricole incitative qui permet d’accroitre la productivité dans les champs, d’accompagner les producteurs dans les technologies de transformation etc. Mais il est vrai que pour le marché urbain, il n’en demeure pas moins que c’est une clientèle à susciter. Mais le potentiel existe, on n’en doute pas malgré que nous soyons des pays de céréaliculture mais vous voyez aussi que dans les villes maintenant avec la modernité, ça évolue. Ce n’est plus le cas où la boule est systématiquement  roi dans les ménages. Si on veut faire du manioc un levier de sécurité alimentaire et une source de revenu pour les producteurs.

 

Le Tchad est un pays sahélien où l’agriculture dépend de la pluviométrie souvent répartie de façon inéquitable. Est-il envisageable de pratiquer la  culture du manioc sur l’ensemble du territoire national ?

 

Un peu partout, ce n’est pas possible même si actuellement, il y a une variété de manioc tolérante à de sécheresses qui permettent de supporter la longue période de la saison sèche au Tchad. C’est plutôt dan la zone sud, généralement ce qu’on peut considérer sous le vocable de zone soudanienne, située dans les 5 grandes préfectures du sud du Tchad, un peu dans le Salamat  et quelque part dans le sud du Guéra. Ce sont ces zones qui sont propices à la culture du manioc parce qu’il faut dans les 400 - 600 mm au minimum pour permettre au manioc  de passer toute la saison sèche. Dire que ça peut se faire dans tout le Tchad, ce n’est pas vrai sauf dans une toute petite partie du Tchad mais pour les autres c’est une question d’orientation à chaque zone, il faut trouver ce qui convient à chaque zone mais le manioc c’est de manière préférentielle dans le sud du Tchad même s’il y a du manioc frais qui se fait tout le long du fleuve Chari jusqu’au Lac Tchad pour de consommations frais en friandises dans les villes mais pour ce qui est de faire du manioc un levier de sécurité alimentaire, c’est plutôt dans les régions du sud du pays qu’il faut penser.

 

Avez-vous quelques recommandations à faire  aux autorités tchadiennes ?

 

La principale recommandation c’est que le manioc est une culture qui traverse toute la saison sèche dans des paysages où il y a très peu de pâturage. Etant donné que le Tchad est un pays à fort potentiel d’élevage aussi. L’un des résultats, c’est que le manioc génère assez des conflits. Pour juguler ces conflits, il faudrait que le gouvernement s’implique  afin que chacun trouve son compte. On ne peut pas dire l’agriculture aux dépens de l’élevage ou l’élevage aux dépens de l’agriculture. Il faut maintenant une gestion concertée des espaces et des ressources. Il faut donc un apaisement dans les relations entre agriculteurs –éleveurs non seulement autour de la culture du manioc mais également dans d’autres cultures en période de récolte, ça arrive aussi. La seconde recommandation c’est bien de s’inscrire dans de dynamiques sous régionales mais à l’échelle d’un projet. Toutefois on sait que si le projet se retire ça s’arrête mais il faut une politique agricole résolument volontariste  pour aider les agriculteurs  à sortir de la pauvreté.

 

Auriez-vous de conseils à donner aux futurs étudiants tentés par la poursuite de leurs études supérieures à l’université de Toulouse2 Mirail en s’appuyant sur votre propre expérience ?

 

Aujourd’hui s’inscrire ici nécessite des moyens financiers. Ça coûte assez cher même les bailleurs sont réticents quand vous sollicitez un financement pour venir en Europe. Pire si la mesure que les autorités françaises sont entrain d’envisager entrait effectivement  en vigueur, la formation dans les universités européennes de manière générale va être hors de porter de beaucoup d’Africains, si vous n’avez pas un financement consistant. Mais si vous avez de quoi payer, vous aurez un bon cadre d’étude mais il faut d’abord pour ne pas subir ce que j’ai vécu, il faudrait d’abord s’assurer financièrement, étant donné que pour mon propre cas, j’ai pu maintenir les inscriptions à mon compte pendant deux ou trois années de rupture de financement en attendant de trouver une solution. Je n’ai pu le faire qu’avec les frais d’inscription de l’époque qui s’élèvent à environ 300 euros. Désormais à partir de Licence, les frais avoisinent 3000 euros, voire 4000 euros pour les niveaux Master et doctorat. Si vous envisagez de payer avec vos propres moyens ou ceux de vos parents, il faut d’abord s’assurer de cela avant de penser venir en Europe. Il faudrait principalement s’assurer des moyens financiers malgré les bonnes conditions d’étude. Si vous ne les avez pas vous risquez d’arrêter en chemin.

 

Quelle est la plus-value que votre thèse vous apporte par rapport à l’exercice de votre profession d’ingénieur-agronome ?

 

Par rapport à l’exercice de ma profession, c’est un parcours essentiel. C’est véritablement après la thèse que vous faites partie du monde des chercheurs. Sinon en tant qu’ingénieur agronome, je n’étais qu’assistant de recherche. C’est à partir de l’obtention de la thèse qu’on intègre réellement la communauté de chercheurs et la personne entame ainsi une carrière de recherche. La plus-value c’est mon insertion effective dans le monde professionnel des chercheurs.

 

 Pour finir, pourriez-vous nous dire un mot sur votre structure ?

 

 Mon structure c’est l’Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement ayant pour vocation de faire essentiellement de la recherche agricole orientée vers le développement avec trois démembrements en fonction des zones agro-écologiques : une direction régionale en zone saharienne basée à Faya-Largeau, une autre direction qui s’occupe de la recherche en zone sahélienne basée à N’Djaména et une troisième direction qui s’occupe de la recherche agronomique dans la zone soudanienne basée à Bébidja sur l’ancien site de l’Institut de recherche du coton (IRCT) ayant été cédé au Tchad après le départ des coopérants Français en 1996.

 

Propos recueillis par Moussa T. Yowanga 

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