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REGARDS D'AFRICAINS DE FRANCE

Informer sans travestir ni déformer, c'est notre combat !

Tchad Plus : Ce que disent et font les Tchadiens

Hier mardi 16 juillet 2019,l'économiste et analyste politique Kébir Mahamat Abdoulaye eut mis au profit des internautes de son pays un débat d’un haut niveau : « pourquoi dans notre pays la culture de la  démission non seulement n'est pas développée, mais presque inexistante et pourtant, c'est une pratique normale dans le fonctionnement de la démocratie donc d'un Etat ? »

Plusieurs de ses compatriotes ont participé à cet échange via net

Bichara Gardia Moursal : «  Cher Kebir Mahamat Abdoulaye, dans notre pays les gens sont nommés pour bouffer et non pour servir. Seule une personne qui a de l'honneur et des principes peut démissionner. Si tu es venu pour te servir et non pour servir la patrie, donc tu vas démissionner pourquoi ? »

Abel Maina : «  Tu veux dire que comme les gens ne démissionnent pas, il n'y a donc pas de démocratie ? »

Abba Ali Kaya : « Chez nous c’est la peur ».

Nara Hantoloum : « Un bon sujet de débat ».

Abderamane Mahamat Saleh : « Ceux qui ailleurs démissionnent font travailler leur conscience et mettent très souvent l'intérêt général avant tout. Et ils ont aussi surpassé le stade de protéger son « gombo ».D'ailleurs c'est la noblesse d'esprit de servir la nation qui les pousse à démissionner si ça ne marche pas ».

Bichara Gardia Moursal : « Abderamane Mahamat Saleh, nos « Gomboristes » occasionnels ne viendront pas dire le contraire ».

Taannba Pabame : « Voilà qui est limpide! »

Hamza Djibrine Khalil : « Bon j'ai constaté que ya des démissions, mais se n'est pas au vrai sens du terme. Car, après une querelle entre un ministre et un intouchable ou un ministre a ténu tête à obéir à des satisfactions des intouchables... on le limoge et pour n'est pas que l'affaire sera connue de grand public, on annonce dans les médias qu'il a démissionné. Voilà la démission chez nous ... »

Kebir Mahamat Abdoulaye :« Hamza Djibrine Khalil, tant que l'intéressé n'a pas annoncé sa démission ou sa lettre de démission n'a pas été publiée, il n'existe aucune démission ! »

Soumaine Issa Mht Koubar : « Primo cette culture se base sur les principes et les respect de notions de « l'Etat ». Si cette notion est bafouée d'une part par les dirigeants et d'autre part par les citoyens lamba aucun principe digne d'un État ne sera respecté. Deuxièmement c'est au niveau de système de gouvernance en place. C'est à dire il y a des régimes politiques (totalitaire, autoritaire) n’acceptent jamais qu’un responsable démissionne. Cela s'apparente comme une défaillance de ce système en place. À cet effet ils préfèrent n'est pas accepter sa démission mais plutôt mettre fin à ses services comme à la coutume chez nous. Le fameux « mis fin ».

Hamza Djibrine Khalil :« Soumaine Issa Mht Koubar, voilà en quelques sortes la notion de démission chez nous. Merci ».

Brahim Hisseine : «  Cher frère Kebir Mahamat Abdoulaye, présentement je suis plus au Tchad mais je pense que au Tchad, une fois nommé, tu n'as pas droit à la démission et toute tentative de démission serait considérée comme une tentative d'un coup d'état raté!

Brahim Hisseine : «  Donc pas seulement que les gens veulent s'accrocher aussi aux postes de responsabilité mais également ont peur à mon avis! Et tout cela est =manque de la démocratie dans notre cher pays, la vraie! »

Taannba Pabame : «  C'est souvent considéré comme un crime de lèse majesté qui est très mal vu... »

 

 

 

Dans une publication qui ne date que du 15 juillet signée du chroniqueur littéraire Sosthène Mberodji,le journal local N’Djaména Bi-Hebdo  N°1794 eut fait un large commentaire sur la parution du livre de l’ancien journaliste et ministre de la Communication, Hourmadji Moussa Doumgor publie ses mémoires au nom évocateur « Dans les tourmentes du Tchad, 1973-2008 » aux éditions l’harmattan où il relate son propre parcours quelque peu mêlé à l’histoire tumultueuse du Tchad pour témoigner.Selon le journaliste Sosthène Mberodji de N’Djaména Bi-Hébdo : « C’est un livre de 223 pages dédié à « toutes les victimes de la tragédie tchadienne ». Tout commence en 1973 alors que jeune, Moussa étudiant en journalisme à Yaoundé rentre à N’Djaména pour un stage de deux mois à la radiodiffusion nationale. C’est alors qu’au cours d’un reportage à la présidence de la République (Cité OCAM), le président de la République Ngarta Tombalbaye refuse de le saluer en le toisant de regard à cause de son accoutrement afro-américain bizarre alors que le pays est en ‘’révolution culturelle’’. Son stage terminé, il s’envole pour Paris puis au Canada lorsque survient le coup d’Etat du 13 avril 1975 perpétré par les militaires avec à leur tête le capitaine Kamougué. Tombalbaye est tué. Le Conseil supérieur militaire (CSM) extrait des geôles le général Félix Malloum et l’installe au pouvoir. A son retour au Tchad, Moussa Doumgor alias Joli cœur intègre la radiodiffusion nationale tchadienne où il exerce comme journaliste. Il a réussi à interviewer le rebelle Hissein Habré alors au maquis soudanais, qui ne fait pas mystère de ses intentions de prendre le pouvoir un jour. La date fatidique du lundi 12 février 1979 arrive. Les détonations des obus et lance-roquettes secouent la capitale tchadienne. Moussa Doumgor raconte qu’il fait partie de ceux qui ont créé le Comité Général à l’école Belle-vue de Moursal pour ‘’l’évacuation’’ des sudistes dans leur terroir. Pendant le repli, il s’installe à Sarh et crée le journal Mula, un organe de presse de combat contre les FAN puis grâce à un émetteur, il réussit avec les autres à faire fonctionner radio Sarh.Sur l’initiative de l’Organisation de l’unité africaine, l’actuelle Union Africaine, une conférence est convoquée à Lagos en août 1979 pour mettre sur pied le GUNT(Gouvernement d’Union Nationale du Tchad) afin de réconcilier les belligérants et jouer au partage équilibriste du pouvoir (nord/sud) . Moussa Doumgor fait partie de la délégation ayant pris part à ces assises. Mais très vite, il a connu des démêlées sérieuses avec Kamougué, démissionne du directoire de Mula pour se rendre à Douala puis Abidjan, mais décide vite de rentrer au pays à cause de la nostalgie des siens.

Les événements ont pris une tournure avec célérité si bien que les FAN se reconstituent au Darfour pour prendre le pouvoir en 1982. La défaite de GUNT sonne l’arrivée au pouvoir de Hissein Habré. La résidence de Kamougué est attaquée aux mitraillettes à Moundou. Doumgor et ses compagnons traversent la frontière et se retrouvent en République centrafricaine. le calvaire de l’exil commence. Il s’installe à Brazzaville aux cotés de Kamougué qui lui a fait d’ailleurs appel à partir de Bangui, et devient son conseiller politique : le MRP ( Mouvement révolutionnaire du peuple Tchadien) voit le jour. Moussa Doumgor devient l’idéologue en chef, qui organise la résistance avec le soutien de certains chefs d’Etat africains progressistes. Il effectue plusieurs missions auprès de ceux-ci pendant que les Codos sur le terrain au sud opposent une résistance au pouvoir central.Moussa Doumgor explique dans le livre qu’après leur démission du GUNT mais surtout au regard de l’essoufflement de la lutte tant sur le terrain qu’à l’extérieur, il a proposé des idées de génie à Kamougué. D’abord rencontrer le président Habré puis de rentrer au bercail sans accord. Il explique au gabonais Oumar Bongo le stratagème. Bongo qui a trouvé géniale la tactique. Pascal Yoadimnadji, Nomaye Madana et bien d’autres ont trouvé cocasse cette manière de faire. Conséquence : le chemin de leur lutte commune s’est arrêté à ce niveau. Kamougué rentre à N’Djaména. Hissein Habré le nomme ministre de l’Agriculture avec une portion congrue. Doumgor, lui, regagne le bercail à son tour le 17 avril 1987 par un vol Air Afrique.

Comme l’on peut s’en apercevoir, ce livre qui est une véritable saga fait l’analyse des situations notamment les événements survenus au Tchad et dont les conséquences se répercutent encore de nos jours sur les populations. Le mal-vivre est perceptible si bien que la construction de la nation est une gageure. L’auteur du « Boulet tribal », son premier livre politique, relate sans détour les pérégrinations qui ont jalonné l’histoire récente du Tchad et s’assume dans ses choix : « J’ai grimpé la colline par des sentiers escarpés et sinueux, et me suis retrouvé au sommet en tant que ministre. Je redescends les yeux ouverts, sur une piste moins abrupte, vers la plaine fleurie de ce que j’ai semé de positif, sans avoir à regretter les erreurs que tout homme commet sur son parcours », écrit-il à la page 202. Il décide ainsi de briser l’omerta en témoignant de son cheminement politique où il est acteur et/ou observateur, et laisse un message à la fin du livre dans un élan de proposition : pour un devenir institutionnel à cause de la cohabitation déjà difficile des Tchadiens, il faut un régime fédéral ou confédéral. « Je n’ai pas écrit ce livre pour réveiller les vieux démons, remuer le couteau dans la plaie ou exprimer une quelconque nostalgie de, je ne sais plus, quel paradis perdu. Je ne juge personne et aucun régime ; je ne jette de l’anathème sur personne, ni n’encense un dirigeant politique. (…) Je n’ai dit et affirmé ici que ce dont je suis comptable, redevable, et peux en répondre devant un tribunal par devoir de mémoire, si nécessaire », devrait dire l’auteur lors de la dédicace au CEFOD début juillet. Moussa Doumgor est à son quatorzième ouvrage et est l’écrivain tchadien le plus prolixe ces dernières années ».

 

Sur tout autre sujet, Oumar Nangdjelou Nangdjeloum eut jeté un regard sur la politique de son pays menée par le pouvoir en place d’Idriss Deby Itno et son parti le Mouvement Patriotique du Salut(MPS) : « Le MPS ne veut pas le développement du Tchad et continue de dépenser de l'argent la où ça profite pas au peuple .Pas des usines, sociétés et entreprises aux arrêts. Pas des bonnes études il faut les faire ailleurs. Hôpitaux, il faut aller hors du Tchad pour se soigner, malheur a toi si tu es pauvre. Transports chers et routes dégradées. Les Tchadiens ont faim..... »

 

Enfin, Dr Moussa Pascal Sougui en tant secrétaire général du Conseil National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD) eut fait une analyse assez profonde par rapport aux élections législatives et communales : Ainsi déclare Dr Moussa Pascal Sougui : « Économisons les 70 milliards de FCFA pour lutter contre la malnutrition infantile et pour améliorer l’accès à l’eau potable. Le lundi 8 juillet 2019, le président Idriss Déby a annoncé sur France24 que les élections législatives et communales, plusieurs fois repoussées depuis 2015, auront lieu « au mieux avant le mois de décembre, dans les pires des cas, en décembre 2019 ».Selon le président Déby, l’organisation des élections législatives et communales nécessite 70 milliards de francs CFA, mais le pays ne dispose pas de ces fonds et attend l'aide des partenaires techniques et financiers du Tchad. Le budget de 33 milliards de Fcfa voté par l’Assemblée nationale sur la loi de finance 2019 serait donc largement insuffisant pour organiser ces élections. Mais pour des élections transparentes, il faut des préalables dont le respect des libertés individuelles et collectives, un gouvernement neutre, une administration publique neutre dirigée par des cadres compétents qui ont l’obligation de ne pas être proches de partis politiques, une instance indépendante d’organisation des élections, un assainissement du fichier électoral et une révision du code électoral.

Actuellement, l’observation des élections ne présente aucune utilité au Tchad car les conditions d’une vraie élection transparente sont loin d’être réunies dans notre pays. Les libertés individuelles et collectives ne sont pas garanties au Tchad pour que les citoyens puissent s’organiser et s’exprimer. Les partis politiques et associations de la société civile sont systématiquement interdits de manifester au Tchad, même quand ils en font la demande. Le régime tchadien, qui invoque le risque sécuritaire lié au terrorisme, a été désavoué le 7 juin dernier par les États-Unis, un de ses principaux alliés dans ce domaine. Le gouvernement, remanié le 30 juin dernier, est loin d’être un gouvernement d’union nationale pour aller vers des législatives et communales transparentes. Tous les gouverneurs, préfets, sous-préfets, … au Tchad, dont la plupart sans aucune formation juridique, sont nommés sur une base partisane ou clanique pour défendre le pouvoir d’Idriss Déby. Toutes les institutions politiques sont entre les mains du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, et ses alliés. Lors des présidentielles de 2016, des membres de la Cour constitutionnelle ont battu campagne dans leurs régions pour la cinquième candidature d’Idriss Déby.Le fichier électoral vieux de plus 4 ans n'a pas encore été mis à jour. Très impopulaire auprès des jeunes qui représentent deux tiers de la population et dont un sur deux est au chômage, le régime d’Idriss Déby préfère garder l’ancien fichier et l’ancien système déjà rodé pour d’éventuelles fraudes. Personne ne croit à un changement par les urnes au Tchad sous le joug du régime totalitaire d’Idriss Déby qui « n’est pas venu au pouvoir par un billet d’Air Afrique », selon ses propres termes. En 29 ans de pouvoir sans partage, Monsieur Déby a verrouillé tout le processus démocratique au Tchad.

Ainsi, depuis 1996, date des premières législatives, quelles que soient les consultations électorales, le MPS détient en permanence la majorité absolue à tel point qu’on se demande à quoi servent les élections au Tchad. Même avec la biométrie, les présidentielles du 10 avril 2016 furent une mascarade électorale très contestée par l’opposition et la société civile, un scrutin pour rien. Dans ce cas, pourquoi ne pas laisser le système faire une autoreproduction avec des figures que lui-même aura choisies, et économiser les 70 milliards pour lutter contre le sous-développement de notre pays ? Laissons alors Monsieur Déby et ses complices choisir leurs députés godillots et leurs maires corrompus et désigner ceux de l’opposition sans faire aucune mascarade inutile et très coûteuse. Et mobilisons ces 70 milliards pour lutter contre la malnutrition qui concerne un enfant sur cinq au Tchad et pour améliorer l’accès à l’eau potable. A N’Djamena, capitale du Tchad, le taux de malnutrition infantile frôle les 5%, largement supérieur au seuil d'urgence fixé à 2%.Selon l’Unicef, au Tchad, 6 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2 millions ont un accès limité à l’eau essentiellement dans les régions de l’est et du nord-est de notre pays. Les premières victimes de cette situation sont les enfants et les femmes. Voila, pourquoi nous disons qu’il ne faut pas donner de l’argent au Tchad sans procédures à fortes conditionnalités démocratiques et qu’il ne faut pas non plus gaspiller les maigres ressources de notre pays pour organiser des élections dont les issues sont connues d’avance et qui permettront à terme de légitimer une dictature implacable ».

La Rédaction

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