6 Mai 2010
Photographe inconnu -Quels sont vos projets pour la société tchadienne et vos compatriotes dans leur ensemble ?D’abord je souhaite déjà que les gens s’intéressent à mes chansons. Car je véhicule à travers elles des messages qui sont capables de transcender les clivages et de transformer la société tchadienne. Un autre projet qui me tient à cœur c’est la construction prochaine d’un centre d’accueil et de formation pour les enfants de la rue. Par ailleurs, je suis ambassadrice de S.O.S Village Enfant au Tchad. Enfin, je désire également créer un centre pour la formation et le maintien de foyer pour les femmes…
-A votre avis, quelles peuvent être les conditions sine quo non d’un retour à la paix définitive au Tchad ?L’amour de la patrie me semble être un préalable fondamental pour le retour de la paix dans ce pays. C’est dommage de constater que beaucoup viennent plutôt pour piller à la place de semer la paix et construire le Tchad. Il ne peut y avoir de paix sans l’acceptation des différences et la tolérance mutuelle. Cela ne peut être possible que si chacun travaille pour la réalisation et l’accomplissement du bien-être commun, à condition aussi de se débarrasser du carcan d’appartenance ethnique et religieux, source de tous nos malheurs.
-Aviez-vous eu la possibilité d’évoquer avec le président ou son épouse cette délicate question de la paix au Tchad ?
La paix ne doit venir que de nous les tchadiens. Le problème, à mon avis, c'est la soif du pouvoir. Chacun veut en faire sa propriété privée, le gérer à sa guise et s’éterniser. On dirait même pour certains, le désir de gouverner semble être une véritable obsession. Pourtant rester sur le trône est une chose, savoir le gérer en est une autre. J'allais dire gouverner est un art... Chaque jour, les armes entrent au pays au nom de la sécurité et en même temps, on nous parle de la bonne gouvernance. Pourtant, on sait très bien que ces armes ne serviront pas qu’à tuer les margouillats... Tellement on en a à revendre, ces armes nous servent même parfois à abattre la volaille.
-Qui donc pourrait être responsable de cette situation insoutenable : Dieu, les Hommes ou les femmes?
Dieu, je ne peux pas oser le juger. Sa parole dit que tout ce qu'il a fait est bon. Je crois plutôt que les hommes par leur égoïsme, et les femmes par leur naïveté. Tous sont responsables de maux qui minent le Tchad.-
-Pouvez-vous nous parler de votre famille ?
Mon père Gabriel-ange fut un bon élève des prêtres. C'est d'ailleurs eux qui lui ont financé la dot de ma mère. Ma mère, quant à elle, est femme au foyer. Elle est très attachée à sa religion, très croyante. Augustine, c'est son prénom vit aujourd’hui dans la même ville que moi. J'ai trois sœurs et deux frères. L'ainée, Célestine est mariée, le 2em André DIONLAR est cinéaste. Il possède aussi un studio d'enregistrement et un atelier de sculpture. L'art dans le sang (rire).La troisième Florence, est peintre. Mais avec ses 3 enfants, elle se considère plus comme femme au foyer. Elle fait la peinture en guise de simple distraction. La quatrième Virginie (mariée, un enfant) fait du gospel. Elle n'a produit aucun album car elle le fait aussi comme un simple passe-temps. La cinquième c'est Audrey, Lynda Shey, inutile de me présenter pour l’avoir déjà fait. Le sixième Arsène roi David est directeur commercial dans une société. Il a sorti un album en 2007 soit deux ans après le mien. Son deuxième est actuellement en cours.
-Vos parents, frères et sœurs sont-ils satisfaits de votre réussite actuelle comme artiste ?
Tous sont fiers de moi. Je me sens vraiment une princesse parmi eux.
-Les journalistes tchadiens vous soutiennent-ils dans votre métier ?
En effet les journalistes tchadiens nous aident. A vrai dire dans ce travail, et moi en particulier, j’ai eu beaucoup de chance, en partie pour être la première fille à s’autoproduire. C'était dur pour beaucoup de personnes à accepter mais grâce aux journalistes, les gens ont très vite compris ce que je fais et sont devenus en grande partie mes fans.
-Quelle est votre couleur préférée ?
Au fond de mon cœur, ma couleur c'est le vert, car c'est la vie, et l'espoir.
-Quel est votre secret qui vous permet de vous distinguer des autres artistes?
Un secret? Je ne sais pas vraiment. Dès qu’on est dans le métier, on a l’impression d’être envahi d’un pouvoir mystique. Il m’est difficile d’en donner vraiment une explication...
-Quel est le moment de la journée qui vous inspire le mieux dans votre métier d’artiste ?
C’est pendant la nuit, il fait bien calme et je peux écrire à tête reposée. Cela est d’autant vrai, mais j’avoue que tout ce qui se passe dans la société, pour moi est une source d’inspiration. Alors je dirai le jour car c'est dans la journée que je peux voir ce qui m’entoure. Quand je suis dans l'avion, je ne sens absolument rien. Peu importe qu’il soit jour ou nuit.
-Vous êtes toujours exposée et confrontée au public, et notamment les hommes, cela vous met-il dans une situation d’être très attirée par le sexe ?
Ecoutez tout excès nuit. On ne peut pas se permettre d'être très attirée par le sexe. C'est en d'autres termes en dépendre sinon en être esclave. Pour votre information, j'assume des responsabilités en prenant en charge des enfants et des jeunes dont trois adolescentes. Dans ces conditions, si je me permettais cet excès, comment pourrais-je éduquer ces enfants ? Autrement ça va être le patatras à la maison.
-Vous souvenez-vous d’une petite anecdote un peu drôle d’enfance ?
Je vais peut être vous surprendre en vous disant je ne m’en souviens aucunement pour la simple raison d’avoir eu une enfance très dure