Parole au peuple: « Qu'est ce qui explique ce pessimisme automatique des Tchadiens ? »,question de Goual Nanassoum

« La bouche n’exprime que l’abondance du cœur », dit un proverbe très connu dans les milieux des artistes africains. Et c’est vrai. Dans cet entretien que le journaliste et formateur Tchadien Goual Nanassoum a pu avoir avec son ami sur le PND (Plan National de Développement), on ressent un mal politique et social poussant à l’extrême un peuple qui ne cache plus son ras-le-bol et la souffrance qu’il endure depuis tant d’années. En effet, la souffrance a tellement rempli son cœur à tel point que sa bouche n’a plus peur de dénoncer haut et fort l’insupportable. Dans ce quinzième numéro de Parole au Peuple, l’attention est accordée à ce problème de société partagé sur le réseau social par des intervenants d’horizons et de sensibilité divers. On retrouve parmi eux des personnalités connues parfois engagées politiquement aux côtés du régime de N’Djaména. Finalement, on ne peut qu’en partie se ranger du côté des artistes de la RD Congo qui eurent chanté dans les années 90 : « qu’en matière de l’argent et de nourritures tout le monde est jaloux de la même manière, mais tout le monde ne le mange pas de la même façon ». Ce n’est qu’un avis parmi tant d’autres. A bon entendeur, salut :

 Goual Nanassoum pose un problème crucial qui révèle le rejet par la population tchadienne à l’égard de la politique de leur Etat champion de dysfonctionnements notoires : « Un ami m'a demandé de lui expliquer le PND. Je lui ai dit que le PND (Plan National de Développement) c'est valoriser la culture de la paix, renforcer la bonne gouvernance et l'État de droit, diversifier les ressources économiques pour une croissance soutenue et valoriser le capital humain. Il m'a dit que ce sont de bonnes intentions qui ne vont pas marcher au Tchad. Qu'est ce qui explique ce pessimisme automatique des Tchadiens ? Bonne journée ! ».

Sosthème Mbernodji a immédiatement réagi comme elle le sent:« Mal gouvernance criarde »

Juda Allahondoum en bon journaliste va dans le même sens que la réaction d’un habitant exprimant le dégoût face à ce qu’il vit : « Il a raison ton ami ».

Ali Abdel Rhamane Haggar, le très populaire docteur écrivain tchadien pourtant pro-régime de Deby pense que les réactions suscitées par le débat posé par Goual Nassassoum ont leurs racines dans : « La désaffection. Un sentiment de méfiance vis-à-vis du politique ».

Djimtoloum Tanas Maldongar considère pour sa part que cela est : « Le fondement des promesses politiques tchadiennes en général. Essentiellement basées sur des bonnes intentions. L’Africain est d’abord matérialiste. Les théories ne servent qu’à expliquer ce qui s’est passé or au Tchad, ce qui est dit n’est souvent pas matérialisé ».

Grace Helta ne va pas très loin : « Il t’a dit ce qui est vrai et ce qu’il vit ».

Goual Nanassoum fait preuve de compréhension et dit : « Merci infiniment »

Elon Mbaidiguim estime que cela est une : « Bonne préoccupation avec une réponse appropriée. Mais la grande préoccupation est celle de faire connaître ce concept à toutes les couches Tchadiennes. Comprendre, s’approprier et adhérer au PND et ensuite s’engager chacun dans son secteur afin de contribuer à la réalisation de ce vaste chantier. Il faut œuvrer d’abord pour un changement de mentalité et ensuite de comportement, car le développement, c’est dans la tête et dans l’esprit. Merci doyen pour cette réflexion ».

Tomasta Namde exprime ici son regret face à ce cri de cœur d’un habitant déçu par la mauvaise gouvernance qui frappe de plein fouet son pays : « Triste réalité de la part de cet ami ».

Abbas Kayangar se montre radical et convaincu de ses arguments : « Déjà la bonne gouvernance ne va jamais exister dans les chiottes de Deby, depuis ce fameux PND qui est déjà un mort-né, le Tchad continue de voguer dans l’amateurisme et les bêtises : Affaires TPG et les ministres, tueries à pont Karwal, tuerie au Ouaddaï, détournements et détournements encore ».

Christian Djedouboum Karbet pense pour sa part que : « Le peuple a perdu confiance à son comptable. Malheureusement son comptable croit avec le PND. Cela ne peut pas marcher. La bonne foi pour gagner l’amour du peuple doit passer avant toute chose. Le PND ne peut drainer plus de ressources que celles que nous avons dilapidées pendant plus d’une décennie. Les meilleures et permanentes ressources dont nous disposons encore et qui peuvent être valorisées sont la capacité du comptable à faire un revirement pour faire preuve de bonne gouvernance à travers des vrais actes (Etat de droit, justice sociale, équité, valorisation des ressources humaines , lutte contre la corruption, réduire les inégalités sur tous les plans entre le peuple, faire rêver la jeunesse et les travailleurs, instaurer la culture d’excellence à tous les niveaux, avoir une vision pour un Tchad meilleur qui oblige la diaspora à y investir et rentrer et non à le fui, voir les maux du Tchad à la racine et non survoler les problèmes etc). Ce n’est pas le bâton magique du PND qui fera ces choses, mais une volonté politique pour un sursaut qui amènera le peuple tchadien à croire et à rêver. Le peuple tchadien est de plus en plus méfiant, car rien n’augure à la positivité avec ce régime qui, encore a sous les bras un plan plus que machiavélique de réforme institutionnelle.  Ce compatriote a raison de dire que le PND est très bon pour ne pas réussir avec le Tchad actuel. Merci pour l’ouverture de ce débat ».

Tomasta Namde se livre à un exercice habile de comparaison : « Sous d'autres cieux, les gouvernants prennent en compte les critiques des gouvernés pour faire avancer les choses publiques. Chez nous, nos dirigeants se foutent pas mal de l'opinion même si les décisions prises sont calamiteuses et contre productives. Il y a donc crise de confiance. Un simple tour dans les bureaux de l'administration publique est édifiant ».

 Soumaïne Mahamat Togoï affiche un peu son désaccord à l’égard de ses compatriotes, mais reconnait que : « En tout cas malgré votre belle définition à la question posée, votre ami se trouve dans une situation de pessimisme quant à la relation de tous ces chantiers énumérés ci-haut. Cela sous-entend qu'il a beaucoup entendu de beaux slogans du genre « on va faire, on va construire », les hommes politiques sont capables de promettre même la lune et les étoiles. C'est pour dire qu'il faut joindre la parole à l'acte et non les paroles aux paroles !16 mesures et PND doivent être deux choses diamétralement opposées mais s'ils sont encore sur le même menu, je pense que le pessimisme ne pourra que gagner davantage du terrain ».

Goual Nanassoum affiche aussi son regret : « C'est dommage ! »

Innocent Marabeye conclut en estimant que : « Désabusés, les Tchadiens dans leur majorité sont plutôt fatalistes ».

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